Écho de presse

Koutiepov, histoire d’un Russe blanc enlevé en plein Paris

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Le général tsariste Alexandre Koutiepov (au premier plan) devant la tombe de soldats « blancs » à Gallipoli, circa 1921 - source : WikiCommons

En 1930, le général tsariste Koutiepov, ennemi de l’URSS, est enlevé à Paris, où il vit en exil. Une vaste campagne d’intoxication, menée par les Soviétiques, va alors inonder la presse de fausses informations, et noyer les enquêteurs.

Il fait frais ce 26 janvier 1930 à Paris. Auguste Steinmetz, un infirmier alsacien travaillant à la clinique Saint-Jean-de-Dieu, ouvre la fenêtre d’une chambre au troisième étage, à 10h45. De là il peut voir la rue Oudinot, où marche un homme trapu, à moustaches. Ce dernier, accompagné de deux autres hommes et d’une femme portant un béret et un long manteau beige, entre dans une automobile grise aux grandes vitres. Un taxi rouge, stationné derrière, semble couvrir les arrières.

Un gardien de la paix observe la scène, sans bouger. Il ne le sait pas en refermant sa fenêtre, mais le jeune infirmier vient d’assister à l’enlèvement de l’ennemi numéro 1 de l’URSS. En plein Paris.

Le général « blanc » Alexandre Koutiepov est arrivé en 1924 en France, avec de nombreux officiers restés fidèles au tsar. Grâce au soutien de la France, antibolchévique, il a réuni autour de lui de nombreux militaires et opposants au régime issu de la Révolution d’octobre 1917, dans une organisation : le ROVS.

Le retour dans la mère Russie ne devait être qu’une question de mois, d’années tout au plus. Mais cela fait près de six ans que près de 35 000 Russes vivent en région parisienne. La presse ne leur porte plus que peu d’intérêt.

Dans un premier temps, la disparition du général est ainsi traitée comme un simple fait divers, notamment dans le Petit Journal, le 28 janvier 1930. Cependant, l’importance du personnage n’échappe pas à la presse.

« Après l’émigration, il organise en France l’Union des anciens militaires russes, dont il est encore le président et qui est en réalité un contrôle de tous les anciens cadres de l’armée russe. 

À maintes reprises, Koutiepoff a envoyé en URSS des émissaires dont nombre furent pris par les soviets et fusillés. »

Rapidement, l’importance accordée à cette affaire va croître. La piste d’un enlèvement par les Soviétiques tient la corde. Les détails du témoignage de Steinmetz affluent. La France se met en quête du taxi rouge et de la limousine grise. Les lecteurs des journaux découvrent que Paris est, peut-être, une capitale mondiale de l’espionnage, centré principalement à cette époque sur la Russie bolchévique. 

Dans le journal monarchiste et f...

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