Écho de presse

La « Honte noire », les troupes coloniales françaises vilipendées en Rhénanie

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« Entrée à Francfort de la nouba du 3e régiment de tirailleurs marocains », 1920 - source : G. Garitan-WikiCommons

Au début des années 1920, une violente campagne raciste et nationaliste est lancée en Allemagne contre la présence en Rhénanie des « troupes noires » constituées de soldats issus des colonies africaines de la France.

Allemagne, début des années 1920. Les Français, vainqueurs de la Première Guerre mondiale, occupent la Rhénanie. Parmi les soldats présents sur place, un certain nombre sont issus des possessions françaises d'Afrique : Sénégalais, Marocains, Algériens ou Malgaches. Ce sont les « troupes coloniales ».

Leur présence est vécue par beaucoup d'Allemands comme scandaleuse. Que des soldats africains aient pu être utilisés par la France pour tuer des Blancs durant le conflit était déjà apparu comme une forme de « retournement des valeurs » de la civilisation européenne. Qu'ils occupent le sol allemand est considéré par les mêmes comme une « souillure ».

L'extrême droite nationaliste allemande, bientôt imitée par les autorités de la République de Weimar, va donc mener une campagne de propagande afin de dénoncer ce qu'elle appelle Die schwarze Schmach, la « Honte noire ». Les pires rumeurs racistes sont alors lancées : les troupes coloniales françaises se livreraient à des violences sur la population allemande, et en particulier à de multiples viols sur les femmes.

En décembre 1920, Le Matin raconte la façon dont les autorités allemandes développent ce thème :

« À Stuttgart, le démocrate Plank, membre du Landtag, interpelle le gouvernement wurtembergeois sur la “honte noire”, et dénonce en termes violents la conduite cruelle des autorités militaires françaises envers les Allemands des régions occupées.

Le président Hieber expose les mesures prises par le gouvernement du Reich et déclare que la pression mondiale contraindra bientôt la France à retirer les troupes noires des pays rhénans. »

Pour les Allemands vaincus, cette campagne de propagande est un moyen de contester la présence française. Mais aussi de provoquer l'indignation des pays alliés de la F...

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