Écho de presse

La vraie vie de Lawrence d'Arabie

le 04/09/2020 par Pierre Ancery
le 31/08/2020 par Pierre Ancery - modifié le 04/09/2020
Le plus célèbre aventurier du XXe siècle connut la gloire de son vivant, pour sa participation à la révolte arabe de 1916-1918.

Les exploits militaires du colonel Lawrence, alias "Lawrence d'Arabie", ont été mythifiés par le film de David Lean sorti en 1962, dans lequel Peter O'Toole prêtait ses traits à l'officier britannique. Mais de son vivant aussi, Thomas Edward Lawrence (1888-1935) fit beaucoup parler de lui.

 

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il est nommé au "bureau arabe" du Caire, c'est-à-dire au service des renseignements britanniques. Archéologue de formation, il n'a que 27 ans lorsqu'en juin 1916, il est envoyé dans le désert afin de rendre compte de l'activité des mouvements nationalistes arabes. Il est aussi chargé de les convaincre de s'unir, afin d'aider les intérêts britanniques dans la péninsule, alors largement occupée par les Ottomans. Pour ce faire, il s'appuie sur le projet de royaume arabe conçu par le chérif Hussein de La Mecque. 

 

Sa connaissance de la langue fait de lui l'agent de liaison idéal. Pendant deux ans, Lawrence combat sous les ordres de Fayçal Ibn Hussein, qui mène une guérilla contre les troupes de l'Empire ottoman. Portant le costume arabe et montant à chameau, il participe à la prise d'Aqaba, puis de Damas le 1er octobre 1918. La même année, L'Écho de Paris souligne sa contribution dans la "débâcle turque" :

 

"Il convient d'ajouter, comme ayant joué un rôle de tout premier plan dans cette entreprise victorieuse, le colonel Lawrence [...]. Son nom deviendra légendaire en Grande-Bretagne. Le colonel Lawrence, à la tête de forces de cavalerie qu'il a formées avec des Bédouins et des Druzes, a coupé la voie ferrée à Deraa, coupant ainsi les communications entre Damas, Caïffa et la Transjourdanie."

Après-guerre, la signature des accords secrets Sykes-Picot de 1916, qui découpent la région en zones mandataires britanniques et françaises, et dont ni le chérif Hussein ni Lawrence n'avaient eu connaissance, lui apparaît comme une trahison. C'en est fini du rêve de grand royaume arabe au Proche-Orient. Lawrence quitte l'Orient avec le sentiment d'avoir été dupé, et d'avoir dupé les Arabes. En 1919, il participe néanmoins à la conférence de paix de Paris en tant que membre de la délégation de Fayçal. 

 

En Europe, Lawrence est alors une célébrité. Le Siècle le surnomme "le prince de La Mecque". Le journal, qui en dresse un portrait très élogieux, assure que ce "héros de roman" a reçu "cinquante demandes en mariage" après son retour d'Arabie...

 

"Ce jeune homme studieux, parti pour l'Orient afin d'y poursuivre des recherches d'archéologie, se révéla à la fois apôtre et homme d'action. Son intelligence étroite, mais vigoureuse, une intrépidité naturelle, l'amour de l'Orient lui valurent sur les Arabes du Hedjaz un ascendant à la fois précieux et redoutable pour son pays. Il souleva l'Arabie, mais aussi l'Égypte. Il disait lui-même, à l'époque, qu'il était aussi Arabe qu'Anglais."

Dans les années qui suivent, après avoir été nommé conseiller de Churchill alors secrétaire d'État aux colonies, Lawrence décide de redevenir un simple soldat. Il sert en particulier en Afghanistan. En 1922, il publie en édition très limitée ses mémoires, sous le titre des Sept piliers de la sagesse. La version intégrale ne sortira que cinquante ans après sa mort, survenue le 19 mai 1935, des suites d'un accident de motocyclette dans le comté du Dorest, en Angleterre.