Écho de presse

1938 : le pamphlet anti-franquiste de Bernanos hérisse la droite

le par

La guerre civile en Espagne : groupe d'enfants devant une maison en ruines, Agence Meurisse, 1937 - source Gallica BnF

Dans Les Grands Cimetières sous la lune (1938), publié en pleine guerre d’Espagne, l’écrivain catholique et monarchiste Georges Bernanos fustige le camp franquiste et ses sympathisants français. Une « trahison » que ne lui pardonnera pas la droite nationaliste.

Mai 1938. La guerre d’Espagne, opposant les républicains aux nationalistes menés par Franco, fait rage depuis presque deux ans. En France, le conflit s’est importé dans le débat politique, polarisant violemment les opinions : tandis que la droite se montre majoritairement favorable aux franquistes, la gauche (en particulier communiste) affiche son soutien au camp républicain.

C’est dans ce contexte que l’écrivain George Bernanos, célèbre pour ses romans Sous le soleil de Satan (1926) et Journal d’un curé de campagne (1936), fait paraître chez Plon un pamphlet de 300 pages intitulé Les Grands cimetières sous la Lune. L’ouvrage, s’il aborde quantité de sujets (le christianisme, la bourgeoisie, « l’ignoble prestige de l’argent »...), est consacré en large partie à la guerre d’Espagne. Il va faire l’effet d’une bombe.

Fervent catholique, issu du camp monarchiste (il était membre de L’Action française avant de rompre en 1932) et admirateur d’Édouard Drumont, Bernanos résidait avec sa famille en Espagne, à Palma de Majorque, quand les généraux se sont soulevés contre le gouvernement. D’abord favorable à Franco, il a déchanté en assistant aux violences commises par son camp « naturel ».

Dans Les Grands Cimetières sous la lune, il dénonce à la fois les répressions de la Phalange, la compromission du clergé espagnol, et la complaisance de la droite française à l’égard des franquistes - soutenus par Hitler et Mussolini :

« Je n’avais rien à dire aux gens de gauche. C’est aux gens de droite que je désirais parler [...]. Je les pensais mal informés. Or, ils l’étaient aussi bien que moi...

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