Grandes Unes

23 juillet 1945 : le procès Pétain est ouvert

le par

Une du quotidien Ce Soir consacrée au procès du maréchal Pétain, 1945 - source : RetroNews-BnF

Moins de trois mois après l’armistice et alors même que la guerre continue de faire rage dans le Pacifique, le procès du vieux maréchal Pétain s’ouvre le lundi 23 juillet 1945.

Populaire en 1940, le « vainqueur de Verdun » l’est de moins en moins sous l’Occupation et notamment à partir de 1942, lorsque la collaboration et l’autoritarisme de la « révolution nationale » de Pétain deviennent patents. Pendant que Paris se soulève, du 19 au 25 août 1944, le maréchal quitte le pays. Exilé en Suisse, s'illusionnant sur sa popularité et la magnanimité des Français à son égard, Pétain se rend le 25 avril 1945.

Il est traduit devant la Haute Cour de justice pour « attentat contre la sûreté intérieure de l'État » et « intelligence avec l'ennemi en vue de favoriser ses entreprises en corrélation avec les siennes ». Le journal communiste Ce Soir rend compte de l’ouverture du procès au palais de justice de Paris le 23 juillet 1945 dans son édition du lendemain.

Les débats s’étalent sur plusieurs semaines : le 15 août, Pétain est condamné à mort – par 14 voix contre 13. Gracié, il est emprisonné à perpétuité et meurt sur l'île d'Yeu six ans jour pour jour après ce début de procès, le 23 juillet 1951.

LE PLUS GRAND PROCÈS DE NOTRE HISTOIRE A COMMENCÉ

« Accusé Pétain, levez-vous ! »

A 14 HEURES, LE PROCUREUR GÉNÉRAL MORNET LIT L'ACTE D'ACCUSATION DE CELUI QUI FUT UN VÉRITABLE « ASSOCIÉ DU FUEHRER »

PÉTAIN, fidéï-commis de HITLER

Contre la France, l'Allemand jouait son rôle, — celui de l'ennemi. Laval jouait le sien, — celui du traître.

Tout cela était clair et sans ombres.

Au contraire, la félonie de Pétain a pris le masque de l'honneur, du patriotisme, des longs et loyaux services.

Avec lui, nous passons du cynisme à l'hypocrisie, du jour à la cave, des loups aux larves.

Hitler, fidèle à son passé de conspirateur et plus à son aise dans la manœuvre politique que dans la stratégie militaire, concevait ses conquêtes sous la forme d'une guerre civile ouvrant le pays ennemi à la guerre étrangère.

Dans un tel plan, la trahison masquée jouait un rôle encore plus grand et décisif que la trahison ouverte. D'où Pétain.

Pétain a joué, — sur le plan de l'histoire, — le rôle de ces généraux et amiraux en retraite, dont les financiers véreux étaient friands naguère pour emplir leurs conseils d'administration et qui finissaient sur les bancs de la Cour d'Assises.

Pétain, — par haine politique, — a accepté de se faire le fidéï-commis de l'ennemi, le liquidateur de l'intégrité territoriale, de la gloire historique et des traditions spirituelles de la France.

Il faut accorder à Pétain le mérite d'un acteur consommé. Jamais la Comédie-Française n'a disposé de pareil interprète pour le rôle de Tartuffe.

Entre la poignée de mains de Montoire et le procès qui s'ouvre aujourd'hui, il y a la montagne sanglante de nos 170 000 fusillés, de nos mi...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.