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22 octobre 1941 : les derniers instants des martyrs de Châteaubriant

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Photo du jeune militant communiste Guy Môquet, circa 1940 - source : WikiCommons

Au printemps 1942, le journal clandestin France dresse un récit heure par heure de l’exécution des célèbres otages communistes « de Châteaubriant » par les autorités allemandes, survenue neuf mois plus tôt. 

Le 26 mai 1942, le journal résistant gaulliste France s’attarde sur trois pages à un événement qui, déjà, fait partie de l’histoire. C’est l’assassinat le 22 octobre 1941 par les autorités allemandes des 27 otages du camp de Choisel, à Châteaubriant, livrés par Vichy à la suite de l’assassinat de Karl Hotz, responsable des troupes d’occupation en Loire-Inférieure. Les jeunes communistes incarcérés au camp depuis plusieurs mois étaient, de fait, innocents.

Dans un énoncé glaçant et recoupant plusieurs lettres envoyées à Londres par des détenus du camp présents lors de l’exécution, le journal revient sur les derniers instants des condamnés, « martyrs » de la cause communiste en France. Lors noms sont célèbres : Michels, Poulmarc'h, Timbault, Môquet.

LES MARTYRS DU 22 OCTOBRE

Nous avons publié, il y a quelques jours, un récit sommaire  de l’exécution des 27 otages de Châteaubriant. Nous sommes en mesure de publier aujourd’hui une description complète – par l’un des témoins – de cette scène atroce. Ce document, parvenu récemment à Londres, confirme que c’est le gouvernement de Vichy qui a désigné aux Allemands les otages que ceux-ci ont assassinés.

Voici le récit de l’affreuse tuerie de Châteaubriant :

Je ne sais qui lira ce qui va suivre. Je m’adresse à tous les Français, et aussi simplement à tous ceux qui, au-delà des limites de la France, ont quelque sentiment humain dans le cœur, quelles que soient leurs croyances, leur idéologie, leur nation. Peut-être seront-ils retenus de m’accorder créance parce que je ne signerai pas. J’atteste qu’il n’est rien au monde que je voudrais autant pouvoir faire que d’avoir l’honneur de signer ceci. C’est la mesure de l’iniquité et de la barbarie qu’aujourd’hui nous ne puissions dire notre nom pour appuyer une cause aussi juste, aussi généralement considérée comme noble et élevée, qu’est la cause de la France.

Ceux qui meurent pour elle dans notre pays meurent anonymes ; le plus souvent on ne dit même pas qu’ils sont morts, jamais on ne dit pourquoi ils sont morts, et tout ce qu’on ose écrire, c’est qu'un individu a été exécuté. Je partage ici le glorieux anonymat de tant de morts que vous n...

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