Interview

Une histoire des troupes coloniales pendant la Grande Guerre

le par

Sur la Somme, un cantonnement de tirailleurs sénégalais, 1916 - source : Université de Caen-Basse Normandie

Avec 600 000 soldats engagés sur le front au cours de la Première Guerre mondiale, les troupes coloniales ont représenté un appui militaire décisif pour l'armée française. L'historien Marc Michel nous dit qui étaient ces soldats recrutés de force et leur vie dans les tranchées.

Marc Michel est historien, spécialiste de l'histoire contemporaine de l’Afrique. Ses travaux touchent notamment au colonialisme et à la décolonisation. Il a été directeur de l'Institut d’Histoire comparée des civilisations (IHCC) d’Aix-en-Provence, puis de la Société française d’Histoire d’Outre-mer jusqu'en 2003. Il fait partie du comité scientifique de l'Historial de la Grande Guerre à Peronne. 

On lui doit notamment Les Africains et la Grande Guerre : l'appel à l'Afrique (1914-1918) paru aux éditions Karthala en 2003 ou « Soldats africains de l'armée française : mémoires et débats » dans l'ouvrage L’Europe face à son passé colonial édité par Riveneuve éditions en 2008.

Propos recueillis par Arnaud Pagès

RetroNews : En 1914, pourquoi l'armée française fait-elle appel à des contingents extérieurs ? 

Marc Michel : Tout d'abord, parce que la France en avait besoin. Ensuite, parce que les autorités locales l'avaient proposé. Il y a conjonction entre les propositions des gouverneurs généraux et la nécessité pour la Métropole d'engager le plus de troupes possible. Ce sera le cas dès août 1914, aux premiers jours de la guerre.

La majorité de ces combattants venaient d'Afrique du Nord. Il y avait des Algériens et des Tunisiens, engagés comme tirailleurs, mais également des contingents de Pieds-noirs ainsi que des Marocains. Le Maroc était un protectorat à l'époque. Le sultan avait spontanément proposé de fournir 40 000  hommes. 

Les combattants d'Afrique noire provenaient essentiellement de ce qu'on appelait alors l’A-OF, l’Afrique-Occidentale Française, qui regroupait le Sénégal, le Mali, la Guinée, la Côte d'Ivoire... Environ 200 000 soldats ont été ainsi recrutés, mais seulement 140 000 sont finalement venu...

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