Interview

Une histoire de la germanophobie française après la débâcle de 1870

le par

La tache noire, tableau d'Albert Bettannier montrant un cours d'exercice militaire où l'Alsace-Moselle figure en noir sur la carte de France, 1887 - source : WikiCommons

Avec la défaite de Sedan puis la capitulation, l’antigermanisme et le revanchisme vont prendre de l'ampleur au sein de l'opinion française. « La volonté d’en découdre ne disparaîtra jamais réellement », nous dit François Cochet.

François Cochet est historien, spécialisé dans la mémoire des guerres et l'histoire des conflits. Professeur émérite de l'Université de Lorraine-Metz, initiateur du master « Politique et conflits », il travaille en lien avec les institutions militaires à l'élaboration d'une histoire militaire au plus près de la réalité. Membre du comité scientifique du Musée de la Guerre de 1870, on lui doit notamment Les Occupations en Champagne-Ardenne, 1814-1944 publié aux Presses Universitaires de Reims en 1996 ou Français en guerres, de 1870 à nos jours édité par Perrin en 2017.

Comment, à la suite de 1870, les Français se sont-ils mis à considérer les Allemands, et réciproquement ? Quel rôle ont joué la propagande et la presse dans l'escalade des tensions entre les deux pays ? Ce revanchisme a-t-il mené à 1914 ?

Propos recueillis par Arnaud Pagès

RetroNews : Quel est l'état des relations franco-allemandes à l’issue de la Guerre de 1870 ?

François Cochet : Il existe de fortes tensions, ce qui est somme toute logique, mais en même temps, la défaite est pédagogique pour la France. L'armée va être réorganisée en profondeur, et sur de très nombreux registres. Entre septembre 1871 et août 1872, le Comité d'Artillerie teste un grand nombre de nouvelles bouches à feu. Le service militaire est réorganisé dès 1872. La même année, le Conseil Supérieur de la Guerre est créé. En 1876, l'École Supérieure de Guerre, copiée sur la Kriegsakademie de Berlin, voit le jour.

L'armée française réfléchit intensément et rapidement pour tirer les leçons de la défaite. Tous les éléments de faiblesse sont revus. Les deux armées s'observent énormément et sont constamment en miroir. Elles se connaissent très bien et il existe alors une véritable interculturalité militaire. Les informations circulent. Dès qu'une armée fait quelque chose, l'autre essai...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.