Écho de presse

Félix Fénéon, anarchiste concis

le par

Paul Signac, « Sur l'émail d'un fond rythmique de mesures et d'angles, de tons et de teintes, portrait de M. Félix Fénéon », 1890 - source : MoMa-WikiCommons

Il suffisait de trois lignes pour que la prose de Felix Fénéon s’épanouisse dans les colonnes du Matin. Anarchiste, lettré et féru d’art, ce journaliste deviendra le maître incontesté de la brève. Et le découvreur de nombreux talents avant-gardistes.

« Mme Fournier, M. Vouin, M. Septeuil, de Sucy, Tripleval, Septeuil, se sont pendus : neurasthénie, cancer, chômage. »

Quand le grand quotidien Le Matin crée ses « Nouvelles en trois lignes » en 1905, il s’agit pour le journal de donner à ses lecteurs un tour de monde en informations courtes, ne dépassant effectivement pas trois lignes. Lorsque Félix Fénéon est embauché en mai 1906 comme rédacteur de cette nouvelle rubrique, il élève la brève journalistique au rang de vrai genre littéraire.

Ramassée, précise, ironique, son écriture fait mouche en moins de 140 signes, souvent plus efficace qu’un long reportage.

« Le feu, 162, bd Voltaire. Un caporal fut blessé. Deux lieutenants reçurent sur la tête l'un une poutre l'autre un pompier. »

« Un cultivateur des environs de Meaux, Hipp. Deshayes, marié, père de 4 enfants, s'est pendu, on ne sait pourquoi. »

« 500 havanes et 250 fioles de vin : butin des cambrioleurs qui visitèrent, au Vésinet, la villa de la cantatrice Catherine Flachat. »

Si les « Nouvelles en trois lignes » sont rédigées de manière anonyme, Felix Fénéon n’est pas un inconnu du milieu politique, artistique et journalistique. En 1886, il adhère aux idées a...

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