Écho de presse

Dans la prison pour femmes du 10e arrondissement

le par

Prison des femmes Saint-Lazare, couloir des cellules, Agence Rol, 1913 - source : Gallica-BnF

Fondé en 1794, « l'hôpital-prison » pour femmes de Saint-Lazare, à Paris, accueillit pêle-mêle criminelles, délinquantes, prostituées et jeunes femmes retirées à leurs parents. Un mélange des genres dénoncé par la presse de l'époque.

« Saint-Lazare » : pendant plus d'un siècle, pour les Parisiens, ce nom n'évoqua pas la célèbre gare, mais la prison pour femmes de la capitale. C'est au 107 rue du Faubourg Saint-Denis, dans le 10e arrondissement, que se tenait ce lieu à la triste réputation.

 

Ancien couvent fondé par Saint Vincent de Paul, Saint-Lazare fut transformé en prison en 1791, avant d'être réservée aux femmes à la fin de la Terreur, en 1794. Dès lors, elle accueillit les criminelles, les délinquantes, les condamnées pour dettes et, à partir de 1836, les prostituées.

Au XIXe et au début du XXe siècle, ces dernières, lorsqu'elles sont arrêtées par la police, sont en effet susceptibles de subir un « internement administratif » sur simple avis médical. Saint-Lazare a alors un statut double : celui de prison et « d'hôpital-prison ». Les prostituées atteintes de maladies vénériennes y sont soignées (et punies) dans une section distincte de celle des prisonnières.

 

Autre population internée à Saint-Lazare : les jeunes femmes retirées à leurs parents pour cause de carence éducative grave, placées dans une troisième section.

 

Longtemps, la presse dénonça ce mélange des genres. L'idée sous-jacente était qu'à Saint-Lazare, le « vice » se propageait, tel un virus, parmi les détenues, et qu'y placer de jeunes filles innocentes aux côtés de dangereuses criminelles et de femmes de mauvaise vie représentait un vrai danger. En mai 1874, Le Petit Journal décrit l'endroit comme un lieu de déchéance :

« Saint-Lazare. Ce nom sonne sinistrement dans les cœurs honnêtes. Seule prison de femmes, pour les prévenues et les condamnées et de plus pour les femmes de mauvaise vie, les malheureuses qui entrent à Saint-Lazare sont presque vouées d'avance à l'infamie.

 

Les libérés hommes, trouvent très difficilement à travailler ; les libérées femmes ne trouvent jamais. »

Même son de cloche en mars 1879, cette fois du côté du camp républicain, avec La Lanterne qui s'indigne de l'existence d'un tel lieu :

« “Celle qui entre à Saint-Lazare, a dit un auteur dont la parole...

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