Écho de presse

Un rêve d’Orient : l’égyptomanie au XIXe siècle, une passion française

le par

Les ruines de Karnak, dessin de François-Charles Cécile et Charles-Louis Balzac, 1798-1812 - source : Gallica-BnF

Stimulant les imaginations européennes, la redécouverte de l’Égypte ancienne inspira d’innombrables œuvres d’art, du Roman de la momie de Théophile Gautier à l’Aïda de Verdi. En France, la campagne de Bonaparte et les découvertes de Champollion marquèrent un tournant dans l'histoire de cette « égyptomanie ».

À quand remonte « l’égyptomanie », cette puissante fascination exercée par l’Égypte ancienne sur les imaginations européennes ? Si l’Occident s’intéresse à cette période depuis la Renaissance, voire depuis la Rome antique, on peut situer le début d’un réel essor de la passion égyptomane à la fin du XVIIIe siècle.

Alors que les récits de voyageurs alimentent l’attrait pour les monuments qui bordent les rives du Nil, un goût « égyptien » se répand alors dans la bonne société parisienne. Sous Louis XVI, par exemple, Marie-Antoinette commande des fauteuils dotés de têtes inspirées de l’Égypte antique et pharaonique. Pendant la Révolution, la Fontaine de la Régénération, construite en 1793 à la place de la Bastille détruite, figure la déesse Isis. Citons aussi la parution du Voyage en Égypte et en Syrie de Volney, publié en 1787, qui marque les esprits.

Mais c’est surtout à partir de la campagne égyptienne de Bonaparte (1798-1801) que l’intérêt de la France pour l’Égypte redouble. Beaucoup de lecteurs découvrent l’antiquité égyptienne à travers la relation d’un écrivain et graveur ayant pris part à l’expédition française, Vivant Denon. Publié en 1802, son Voyage dans la Basse et la Haute-Égypte, accompagné d’un volume de dessins, aura un succès phénoménal et connaîtra des dizaines de rééditions.

La Gazette nationale publie cet extrait dans lequel Denon décrit les colosses de Memnon, deux sculptures monumentales datant de la XVIIIe dynastie et se trouvant sur la rive occidentale de Thèbes :

« Je m'acheminai vers les deux colosses dits de Memnon ; je fis un dessin détaillé de leur état actuel... Sans charme, sans grâce, sans mouvement, ces deux statues n’ont rien qui séduise ; mais sans défaut de proportion, cette simplicité de pose, cette nullité d’expression a quelque chose de grave et de grand qui en impose [...].

Pour prononcer sur le caractère de ces statues, il faut les avoir vues à plusieurs reprises, il faut y avoir longtemps réf...

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