Écho de presse

Le cas de Jules Durand ou la « seconde affaire Dreyfus »

le par

Jules Durand, La Vie Ouvrière de décembre 1910 - source : WikiCommons

En 1910 au Havre, un contremaître anti-gréviste est tué lors d'une rixe. Un coupable idéal est trouvé : Jules Durand, syndicaliste. Le 25 novembre suivant, il est condamné à mort. C'est le début d'une des plus grandes erreurs judiciaires françaises. 

Son nom n'est guère connu aujourd'hui, pourtant Jules Durand fut victime d'une des plus graves erreurs judiciaires du siècle dernier en France. Certains, à l'instar de Jean Jaurès, parlèrent même de « seconde affaire Dreyfus ».

Cette histoire tragique commence en 1910, au Havre. Le port est alors en pleine grève contre l'extension du machinisme et la vie chère, les ouvriers réclamant en outre une hausse des salaires et le paiement des heures supplémentaires.

Pour contrer le mouvement, les compagnies portuaires et maritimes embauchent des « renards », ouvriers anti-grévistes payés trois fois plus cher. Le 9 septembre, à la suite d'une rixe alcoolisée, l'un d'eux, Louis Dongé, contremaître, meurt roué de coups par trois charbonniers. Ces derniers sont arrêtés.

Jules Durand aussi. Anarchiste, syndicaliste révolutionnaire, membre de la Ligue des droits de l'Homme et militant antialcoolique, il est alors secrétaire du syndicat des charbonniers. On l'accuse d'avoir prémédité et organisé l'assassinat de Louis Dongé.

La presse prend aussitôt parti. Dans un article à charge contre les syndicalistes, titré « L'assassinat d'un “renard” », le quotidien conservateur Le Temps rapporte :

« Nous avons raconté hier dans quelles conditions de sauvagerie un ouvrier charbonnier du Havre, Dongé, qui n’avait pas voulu faire grève, avait été assailli, injurié, frappé à coups de pied et à coups de poing. Dongé est mort à l’hôpital sans avoi...

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