Écho de presse

1923 : la monnaie allemande devient folle

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Berlin : la foule assiège la voiture d'un boulanger et se dispute le pain à coup de millions de Marks, Agence Meurisse, 1923 - source : Gallica-BnF

Sous la république de Weimar, l'Allemagne est victime d'une inflation sans précédent. En 1923, le mark s'effondre totalement et les prix sont multipliés par un milliard. Une partie de la population sortira ruinée de cette crise.

Début des années 1920, en Allemagne. Le pays, défait lors de la Première Guerre mondiale, est en proie à une spectaculaire inflation qui va culminer au cours de l'année 1923. L'Histoire en retiendra l'image d'habitants obligés de transporter des millions de marks dans une brouette pour s'acheter des produits de première nécessité.

 

Les causes de cette « hyper-inflation » sont multiples. Dès le début de la Grande guerre, l’État allemand a eu recours massivement à l'emprunt public pour financer l'effort militaire, entraînant une explosion de la dette.

Après-guerre, le niveau écrasant des réparations exigées par les Alliés (132 milliards de marks-or de 1914), la pression spéculative sur le cours du mark et l'accélération de la vitesse de circulation de la monnaie, dont tout le monde cherche à se débarrasser au profit de biens concrets, aboutissent à une hausse fulgurante des prix à partir de 1921.

 

La crise culmine en janvier 1923 avec l'occupation par les gouvernements français et belge de la Ruhr, poumon industriel du pays. Les prix atteignent des niveaux records, comme l'explique la presse de l'époque. L'Humanité du 22 février raconte :

« Voici les prix de quelques denrées et d'autres objets de première nécessité : un œuf coûte en ce moment 400 marks, une livre de jambon 6 400 marks, une paire de chaussures 80 000 marks, un quintal de charbon plus de 6 000 marks, à partir de la semaine prochaine 8 000 marks, une livre de viande 4 500 marks, une livre de beurre 6 400 marks.

 

La livre de café est montée à 18 000 marks […]. Une simple chemise coûte 60 000 marks.

 

À ces prix inabordables s'opposent des salaires dont la moyenne, qui ne dépasse que rarement 200 000 marks par mois, est de beaucoup inférieure au niveau du marché mondial. »

Dans les mois suivants, la spirale inflationniste devient incontrôlable. En avril, tandis que la « planche à billets » fonctionne de façon frénétique, les prix ont encore augmenté, comme le note Le Progrès de la Côte-d'Or :

« Le moindre repas dans un restaurant revient...

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