Écho de presse

1917 : Michelin transforme les champs de bataille en régions touristiques

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« De belles étrennes pour vos enfants », publicité en faveur du guide Michelin des champs de bataille, circa 1920 - source : WikiCommons

À l’automne 1917, en pleine Première Guerre mondiale, l’entreprise auvergnate et son célèbre Bibendum publient le premier volume d’une série de guides consacrés aux régions dévastées. Un prolongement des combats « par d’autres moyens ».

Sur la deuxième de couverture du livre s’alignent une série d’hébergements, allant d’établissements « simples mais bien tenus » à des hôtels « de belle apparence, avec grand luxe et confort moderne ». Le patrimoine touristique proposé au visiteur en balade entre Meaux, Senlis et Chantilly, en cet automne 1917, sent lui plutôt la poudre et le sang : il s’agit des terrains de combat de la première bataille de la Marne, dont le lecteur trouve le résumé détaillé en une dizaine de pages.

Trois ans après la première bataille majeure de la Grande Guerre, et alors que le conflit est encore loin d’être terminé, André Michelin, le cofondateur de la société de pneumatiques, décide de commercialiser un premier guide touristique des champs de bataille, consacré à la région de l’Ourcq. Dans les années qui suivent, la série des Guides Michelin pour la visite des champs de bataille s’enrichit de dizaines d’autres volumes, dont l’un, consacré à Verdun et l’Argonne, est même traduit en allemand – lors d’une nouvelle édition de ces guides, en 2014, l’entreprise clermontoise revendiquait 2 millions d’exemplaires écoulés lors des huit premières années de commercialisation de la collection.

Pour l’entreprise, qui imprime depuis 1900 des guides de voyage pour aider au développement de son activité industrielle, l’ouvrage constitue un moyen de continuer à occuper le terrain touristique dans une période peu propice. Dédié « à la mémoire des ouvriers et des employés des usines Michelin morts glorieusement pour la patrie », il se revendique « à la fois un guide pratique et une histoire » :

« Il ne suffit pas de voir, il faut aussi comprendre, annonce l’introduction. Une ruine est plus émouvante lorsqu’on en connaît l’origine, tel paysage qui paraît terne à l’œil non averti se transfigure par le souvenir des luttes qui s’y sont livrées. »

Le livre revendique sa vocation pédagogique, se veut une lecture ...

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