Chronique

Marius Jacob, le voleur anarchiste

le 08/11/2019 par Marina Bellot
le 16/01/2017 par Marina Bellot - modifié le 08/11/2019
Marius Jacob en 1905

De 1900 à 1903, Marius Jacob a écumé l'Hexagone accompagné de sa bande, les "Travailleurs de la Nuit". 150 cambriolages, un procès monstre, la condamnation au bagne à perpétuité pour Jacob... Et une presse qui passa sous silence les idées anarchistes du bandit le plus populaire de France.

C'est l’une des épopées criminelles les plus singulières des annales judiciaires et journalistiques françaises.

Le 8 mars 1905, Alexandre Marius Jacob, 26 ans, comparaît avec une partie de sa bande devant la Cour d'assises de la Somme pour répondre de 150 vols.

"Le dossier de l'affaire ne comporte pas moins de 20 000 pièces, et l'acte d'accusation forme 161 pages de texte — ce qui constitue assurément un imbattable record", rapporte Le Journal

"Les débats s'annoncent comme devant être très longs car il faudra entendre plus de deux cents témoins venus de toutes les régions de la France. Des mesures d'ordre très sévères ont été prises tant aux abords de la prison qu'autour du palais de justice. On craint, en effet, ou des évasions ou des incidents tumultueux au dehors de la salle d'audience", peut-on lire dans L'Humanité

L'affaire ? Le Figaro la baptise "Marius Jacob ou les quarante voleurs" :

"C'est une histoire de brigands, de vrais brigands. Ils étaient quarante. Depuis plusieurs années, ils commettaient leurs crimes à Paris et dans toutes les grandes villes de province. Leur système était ingénieux, pratique et nouveau. Leur « caverne » était à Paris, rue de la Clef, dans un hôtel meublé, siège social de la bande. Deux éclaireurs s'en allaient par le chemin de fer, de ville en ville, chercher les maisons dont les maîtres étaient absents et qui fussent faciles à dévaliser — même en voyage. Quand ils avaient trouvé le cambriolage à faire, ils envoyaient une dépêche dont le texte était indifférent. Mais, signé Georges, le télégramme signifiait : « Venez » ; signé de tout autre nom, il voulait dire : « Rien à faire »." 

Gil Blas poursuit : 

"Ils s'adressèrent à toutes les classes et à toutes les catégories de la population. Dans un désir fort louable de décentralisation, ils n'épargnèrent aucune ville et presque aucun bourg d'aucun département de France. Ils firent même l'étranger : la Belgique fut souvent mise à contribution par eux.

Ils trouvèrent dans les églises un riche butin. […] À Beauvais, dans l'église Saint-Étienne, ils enfoncèrent le tabernacle et, sur un carton doublé de soie, ils écrivirent, d'une main ferme 
«
 Dieu tout-puissant, recherche ton calice. Signé : ATTILA ».
Les «
 Travailleurs de la nuit » n'étaient pas dépourvus d'une certaine instruction !"

Plus qu'une simple bande de malfrats, Marius et les 40 voleurs sont de véritables orfèvres du crime organi...

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