C'est à la fin du XIXe siècle que sont créées les colonies de vacances, lorsque Hermann Walter Bion, un pasteur suisse ému par la mauvaise santé des enfants défavorisés de Zurich, organise un séjour à Appenzell en 1876 pour qu'ils profitent de la nature et surtout du grand air. Ces séjours financés par des souscriptions connaissent un succès rapide en Suisse et dès 1899, 29 villes proposent ce type de vacances aux enfants afin de leur procurer de bonnes conditions de vies pendant quelques semaines.
En France, la première colonie de vacances est créée en 1901 à Saint-Etienne par l'abbé Souhé.
Mais, comme l'indique La Croix en 1910, les fameuses colos ont mis plus de temps à se développer :
"En 1900, c’est-à-dire il y a dix ans, l’œuvre des colonies de vacances existait à peine puisqu'elle n'envoyait que 8 216 enfants à la mer ou à la campagne, contre 32 000 qui profitaient de la même faveur en Allemagne. La France n’occupait, à ce point de vue, que le sixième rang et ne colonisait que 21 enfants sur 100 000 habitants, tandis que le Danemark en colonisait 552 sur 100 000 habitants. En 1904, l’œuvre s'était déjà développée au point de s’occuper de 22 316 enfants (12 704 à Paris et 9 612 en province). En 1907 enfin, elle pouvait placer 53 411 enfante (26 190 à Paris et 28221 en province) ; elle avait donc doublé en deux ans. Ces dernières années, c’est 72 800 enfants que l’œuvre a pu placer pour toute la France. Mais l’œuvre estime qu’elle fait encore trop peu : c’est 100 000 ou 200 000 enfants qu'elle voudrait arriver à coloniser, au lieu de 73 000, et c’est pour arriver à ce but, qui assurerait la santé de nos enfants de France, qu’elle adresse un pressant appel à l’Etat, aux municipalités et au public."
Au fil des ans, les colonies de vacances se développent partout en France et gardent leur vocation première, avant de s'ouvrir à tous : permettre à des enfants défavorisés de connaître ces joies de l'ailleurs mais aussi leur donner des principes éducatifs, comme le rappelle l'Ouest Eclair en 1936 :
Quels enfants reçoit-on à la Bouexière, à la Guimerais ? Des enfants fatigués, chétifs, à qui une bonne nourriture distribuée à des heures régulières, la pratique des sports, le grand air, le soleil et les bains ont vite redonné de la vigueur. L'enfant y prend l'habitude de la vie collective il y apprend à « se débrouiller », il y acquiert le sens de la responsabilité, il s'y enrichit moralement.
Ecrit par
Marina Bellot est journaliste indépendante, diplômée de l'Ecole de journalisme de Sciences Po. Elle a co-fondé en 2009 Megalopolis, un magazine d'enquêtes et de reportages sur la métropole parisienne, qu'elle a dirigé pendant trois ans. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages pédagogiques à destination des adolescents et a co-écrit une biographie de Jean-François Bizot, L'Inclassable, parue chez Fayard en 2017.