Interview

Un roman national républicain : L’Histoire de France de Duruy

Affiche promotionnelle pour la réédition de l'Histoire de France de Victor Duruy, 1894 - source : Gallica-BnF

Entre l’Histoire de France de Michelet et le Petit Lavisse des écoliers de la IIIe République, une troisième « histoire » tricolore typique du roman national en cours paraît sous Napoléon III. Oublié aujourd’hui, le livre est à sa parution un best-seller présent dans toutes les bibliothèques.

En 1857, alors qu’il n’est pas encore ministre de l’Instruction publique, Victor Duruy publie, chez Hachette, une Histoire de France abrégée. Un ouvrage qui va être constamment réédité jusqu’à 1913. Coup de projecteur sur un livre qui, s’il a sombré dans l’oubli, a marqué son temps.

Propos recueillis par Alice Tillier-Chevallier

RetroNews : L’Histoire de France de Victor Duruy (à lire sur Gallica) n’est ni l’Histoire de France de Jules Michelet (1833) ni le Petit Lavisse (1884) – deux ouvrages qui restent encore aujourd’hui emblématiques du « roman national » du XIXe siècle… Pourquoi vous être intéressé à cet ouvrage aujourd’hui largement oublié ?

Jean-Charles Geslot : Il est vrai que Victor Duruy a été éclipsé par ces deux figures majeures : d’un côté Michelet et son histoire monumentale en 18 volumes, de l’autre Ernest Lavisse et son manuel scolaire. L’Histoire de France de Victor Duruy est en quelque sorte le chaînon manquant entre les deux. C’est un abrégé – tout de même assez massif puisqu’il fait 1 500 pages, en deux volumes –, qui a été imprimé tout de même, d’après les estimations que j’ai pu réaliser, à 120 000 exemplaires. Un beau petit succès donc.

Destiné d’abord à un public d’élèves et, plus largement, au grand public cultivé, réédité en moyenne tous les deux ou trois ans jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’ouvrage a diffusé auprès des classes moyennes la vision de l’histoire de France portée par Michelet et les historiens de sa génération, avant que le Petit Lavisse ne la transmette à son tour dans les écoles primaires, touchant alors tous les milieux, y compris populaires.

Quelle est précisément cette vision de l’histoire ?

Sous la plume de Duruy, comme sous celle...

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