Écho de presse

Le Sud-Ouest brûle, 1949 : 50 000 hectares partis en fumée, 82 victimes

le 25/07/2022 par Julie Duruflé
le 20/07/2022 par Julie Duruflé - modifié le 25/07/2022

Parties de Gironde au soir du 19 août 1949, les flammes ravagent pendant six jours les forêts de pins du Sud-Ouest de la France. Bilan : 50 000 hectares partis en fumés, 82 victimes. Revue de presse.

Dans un été où le Sud-Ouest de la France subit des « incendies en séries » (Combat, 12 août 1949), les feux se multiplient, se ravivent et prennent de l’ampleur jusqu’au « grand incendie » d’août 1949, qui réduit en cendres des milliers d’hectares de forêt.

Le 17 août, Ce soir titre sur « Le feu : désastre dans le Sud-Ouest » :

« Sous un ciel obscurci par une épaisse calotte de fumée noire, dans l’odeur caractéristique de la résine brûlée, la population du Sud-Ouest s’efforce désespérément de lutter contre les plus terribles incendies de forêts qui aient été enregistrés dans notre histoire. »

Le 24 août, le journal Combat partage le récit de l’un de ses correspondants qui se trouvait sur place le jour du départ du feu à l’origine de l’incendie.

« J'ai vu comment et pourquoi le feu qui vient de ravager en Gironde 50.000 hectares de landes et de pins n'a pas pu être arrêté, au moment où il n'était encore qu'un petit incendie de rien du tout. » 

Cinq jours après le début du sinistre, le journal entend verser « aujourd’hui [ce] témoignage au procès qu’il faudra bien ouvrir des responsabilités engagées dans cette douloureuse affaire » :

« […] On apercevait le chantier de bois où [le feu] avait pris naissance. Bientôt nous rencontrions 20 hommes qui nous apprenaient que deux ouvriers ivres avaient mis le feu par imprudence un peu après la soupe. […]
Le hasard avait fait que, pour une fois, dès la naissance du feu, une autorité qualifiée, le commandant des pompiers et un certain matériel (deux voitures) avaient pu se trouver, immédiatement sur place, circonstances exceptionnellement favorables. [ …] En outre, les maires des deux communes se trouvaient sur place avec chacun une soixantaine d’hommes. On peut l’affirmer, à ce moment, se trouvaient réunis un matériel, un personnel et des conditions (le coupe-feu) suffisants pour arrêter le feu. Que se passa-t-il donc ? »

Selon le récit du correspondant, l’incertitude des deux maires présents - aux commandes des manœuvres - laisse le temps au feu d’embraser la forêt. Devant des pompiers « atterrés ». « " Ils vont le laisser passer ", disaient-ils ».

Le contre-feu, finalement allumé -  trop tard - laisse passer l’incendie. Le témoignage se conclue : « Ensuite, le sinistre se développa sur une tout autre échelle. Il n’était plus question de l’arrêter ».

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Le combat contre l'incendie débute. On le dit maîtrisé dans la presse, mais dès le 18 août L’Humanité annonce que le « feu reprend dans la forêt du nord des Landes et près de Bordeaux. » Le journal accuse :

« Pourtant, ce matin, le communiqué officiel reflétait un optimisme remarquable. « les sauveteurs vont pouvoir prendre enfin un peu de repos, l’incendie est maîtrisé » y lisait-on. 

La vérité, c’est qu’il n’y a pas sur place le dixième des effectifs qu’auraient dû y envoyer le ministre de l’Intérieur et celui de la guerre.

La vérité c’est que le peu de troupes qui sont sur place ont aidé avec un grand dévouement mais avec des moyens très insuffisants une population exténuée par les efforts considérables fournis depuis plusieurs jours. […]

C’est que, aux premières demandes des habitants angoissés, les autorités ont répondu : « agissez déjà vous-même, nous verrons dans vingt-quatre heures. ».

Les jours suivants, le journal publie des clichés exclusifs du feu, de ses dégâts, des manoeuvres pour tenter de le maîtriser ; il crée une rubrique récurrente : « L’enfer des Landes ».  

Le 22 août, un premier bilan tombe. Sinistre. « Catastrophe nationale » annonce en gros titre L’Aurore. « Près de cent victimes (brûlées vives ou disparues) dans le gigantesque incendie des Landes où de nouveaux foyers s’allumaient cette nuit. »

Bien que « plusieurs foyers couvent encore » (L'Aurore, 25 août 1949), le feu est enfin considéré comme maîtrisé le 25 août. La veille, à Bordeaux, se tenaient les «  obsèques des 25 soldats tombés dans la fournaise ». On lit dans Ce soir du 25 août :

« En raison des événements du Sud-Ouest, le mercredi 24 août a été décrété journée de deuil national. […] Dans les rues bien des yeux se sont mouillés de larmes au passage des familles se rendant, les bras chargés de fleurs, vers l’hôpital militaire Robert-Picqué. […]

Les vêtements noirs, les gerbes de fleurs évoquent, pour toute la population, la fin horrible des jeunes soldats lancés dans la forêt pour arrêter, avec des arrosoirs, l’ouragan de flammes déferlant par-dessus les pins. »