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Écho de presse

1901 : le Vampire de Muy s’évade de l’asile

L’un des rares nécrophiles passés à la postérité a alimenté les journaux du début du XXe siècle d’une série de faits divers particulièrement déconcertants.
vampireNécrophiliefaits diversVampire de Muy
Girolamo Maestro

Ecrit par

Girolamo Maestro

Publié le

24 janvier 2018

et modifié le 24 février 2025

L’un des rares nécrophiles passés à la postérité a alimenté les journaux du début du XXe siècle d’une série de faits divers particulièrement déconcertants.

Le Réveil du Nord du 4 juillet 1902 livre une nouvelle terrifiante pour la population des alentours de Pierrefeu, dans le Var :

« Celui qu'on avait surnommé le “vampire de Muy” Ardisson, le déterreur de cadavres qu’il souillait ensuite et chez qui on avait retrouvé plusieurs têtes humaines arrachées à leurs cercueils, vient de s’évader de la villa de Pierrefeu, où il avait été interné.

On se rappelle que la justice avait ordonné l’examen médical du misérable au mois de septembre dernier. Depuis lors, Ardisson se trouvait à Pierrefeu.

Le médecin de l’asile, le docteur Belletrud, disait dans son rapport à la justice qu'il se montrait “soumis et tranquille”, mais était toujours hanté par la même idée de posséder de nouveaux cadavres. Il ne faut donc pas attribuer son évasion à une autre cause que cet immonde désir. »

Les premiers crimes officiellement imputés au « vampire » dénommé Victor Ardisson remontent alors à l’année précédente, selon Le Journal du 30 septembre 1901 :

« Il est actuellement prouvé que le monstre a commis un premier crime à la date du 20 février 1901, sur le cadavre d'une jeune fille de quatorze ans ;
qu'il en a commis un second, à la date du 28 avril 1901, sur le corps d'une autre jeune fille de treize ans
 ;
qu’il a accompli, le 12 septembre courant, avec le cadavre de la petite Louise X, le soir même de l'inhumation, un autre crime plus épouvantable encore, puisqu'il l’a transportée dans son sac et gardé chez lui le cadavre.
 »

À ce moment-là de l’affaire, c’est son père adoptif, qui, intrigué par une odeur musquée émanant du grenier, découvre les méfaits du garçon de 29 ans. Horrifié, il tombe nez-à-nez avec le cadavre d’une fillette de 5 ans gisant sur un tas de paille, les jambes écartées, et la tête détachée du corps.

Immédiatement prévenue, la police ne tarde pas à obtenir des aveux du fils, qui confesse en sus deux autres méfaits du même type, sur les corps de deux adolescentes de 13 et 14 ans. Considéré comme étant atteint d’un déséquilibre intellectuel pathologique – ce que les journaux d’alors nomment « débilité mentale » –, il reconnaît ses actes en toute insouciance.

Dans le même article du Journal, on peut lire :

« Répondant à une question qui lui était posée, à savoir pourquoi il n'avait pas cherché à avoir une femme à lui, à se marier, en un mot, le coupable s'est exprimé en ces termes :
“Ah bé
 ! Aucune vivante n'aurait voulu de moi ! Les autres pauvres mortes ne se défendaient pas.” »

Le Matin daté du 28 octobre 1901, résume cyniquement l’affaire en ces termes : « Les sociétés n’ont que les criminels qu’elles méritent. »

En décembre de la même année, Ardisson est reconnu coupable des meurtres, quoique non-responsable de ses actes du fait de sa démence. Il est donc contraint à être interné dans un asile psychiatrique, celui de Pierrefeu.

Son évasion de juillet 1902 est cependant de courte durée. La Lanterne du 13 juillet 1902 raconte ainsi son arrestation par un gardeur de chèvres, son passage à tabac par la foule, puis sa remise entre les mains des autorités. Son père adoptif revient alors sur le devant de la scène et entreprend de le venger ; il tente notamment d’assassiner le gardeur de chèvres.

À nouveau enfermé, l’inexorable vampire est suivi par le Dr. Épaulard, et malgré de nouvelles tentatives d'évasion au cours des années suivantes, fait montre d’un comportement relativement raisonnable.

De nombreux spécialistes, français et étrangers, étudient la personnalité de Victor Ardisson au cours des années suivantes. Au fil de leurs recherches, ils découvrent des détails accablants de sa vie, certains remontant à son jeune âge : partageant le lit de son père adoptif, il assistait alors régulièrement aux relations de ce dernier avec ses différentes amantes – et y participait, lorsque celles-ci y consentaient.

Le Dr. Épaulard  apprend également que parmi les cinq autres enfants viables mis au monde par Élisabeth-Apollonie Pore, la mère de Victor, trois se sont suicidés, tandis qu’un autre a fait deux tentatives de suicide – de nombreuses autres grossesses ont abouti sur des fausses couches ou des morts prématurées du nourrisson. La mère d’Ardisson est elle aussi considérée comme « faible d’esprit », et est réputée pour son appétit sexuel, décrit comme « sans limite » dans le livre Contribution à l'étude de la nécrophilie  : l'affaire Ardisson de Michel Belletrud et Edmond Mercier.

Le Vampire du Muy restera interné plus de quarante ans, jusqu’à sa mort en 1944. Il avait 71 ans.

Mots-clés

vampireNécrophiliefaits diversVampire de Muy
Girolamo Maestro

Ecrit par

Girolamo Maestro

Genono est journaliste, auteur, scénariste et conférencier. Il travaille régulièrement avec le site internet du Mouv, Booska-P, Noisey, Check, Viceland ou encore Motherboard.

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