Écho de presse

La prétendue « sorcière de l’Ardèche », ou la banalité du mal

le par

« Les sorcières, ou Tandem », Jean Veber - source : Gallica-BnF

En juillet 1885, dans la petite ville de Privas, en Ardèche, une octogénaire subit les foudres d’un homme l’accusant de sorcellerie. Elle sera brûlée vive.

1885. On pourrait croire que les accusations de sorcellerie sont, à l’aube du XXe siècle, devenues obsolètes. Elles le sont en effet, mais pas lorsqu’on a affaire à un père de famille tortionnaire et légèrement paranoïaque.

Ce dernier s’est étonné, un beau matin, de voir son épouse « incapable d’allaiter son enfant », alors que tout allait manifestement bien les jours précédents. En conséquence de quoi il s’est mis en tête d’accuser la vieille dame du village, déjà régulièrement prise à partie par les habitants pour des suspicions de sorcellerie, et de faire justice lui-même.

Le malheur de notre petite octogénaire, c’est en effet sa réputation à Privas : son âge avancé, sa mâchoire « édentée », son nez « pointu », sa façon de radoter en vieux patois, son bâton en guise de canne, et son mode de vie solitaire. Tous ces signes distinctifs ont fait d’elle la cible des enfants et adolescents de la ville, qui l’ont surnommée « La Sorcière », et lui ont collé sur le dos tout un tas de rumeurs surréalistes. La plupart des habitants, sans surprise, n’y croie...

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