Dans l’avis de décès de 1887 d’Aaron Eisenchteter ( étudié précédemment), cette simple mention des cousins et cousines « demoiselles Salomon Foy, Mme veuve Jacob Foy et ses enfants, Mme veuve Dacosta (de Bayonne) » nous interpelle. Quel est le lien entre la famille Eisenchteter et la famille Foy de Bordeaux ? Comme on peut le constater, les éléments de départ sont très minces… Pour débuter notre enquête, capitalisons sur les quelques mots-clés connus, en saisissant par exemple « Foy Eisenchteter » dans le moteur de recherche simple. 1 seul résultat est proposé mais il est précieux. Il s’agit de l’avis de décès de Mlle Clémentine Salomon-Foy, publié dans La Gironde du 25 août 1895 :
Ce faire-part nous informe ainsi que :
- Salomon-Foy est un nom de famille et non l’association d’un prénom et d’un nom.
- Clémentine ne s’est jamais mariée.
- Clémentine résidait au 51 rue Permentade.
- Clémentine a une sœur Rose, célibataire, et un frère Henri dit Jeune, décédé.
- Clémentine est apparentée à Léonce Foy, Fernand Laroque, Emile Foy, Jules Molina, Gaston Molina, la veuve Pereyra-Soarez et aux familles Lévy, Dacosta et Eisenchteter.
En revanche, aucune mention n’est faite de Jacob Foy. Le nom Dacosta apparaissant dans les deux avis de décès consultés, poursuivons nos recherches via la combinaison « Foy Dacosta ». Parmi les neuf résultats proposés, quatre avis de décès ressortent : les deux déjà connus et deux nouveaux. Le premier, diffusé par La Gironde du 12 août 1892, nous annonce le décès d’Elie Foy selon les tournures d’usage :
La Gironde, 12 août 1892
Grâce à ces conventions de rédaction, il est possible de décoder cet avis de décès et de déterminer les liens de parenté entre le défunt et les différentes personnes citées, d’autant plus que nous savons déjà que Clémentine, Rose et feu Henri sont frères et sœurs. Pour cela, restructurons-le :
« M. Robert Foy,
Mme veuve Henri Foy,
M. David Foy fils aîné,
M. et Mme Fernand Larroque et leurs enfants (de Toulouse),
M. et Mme J. Emile Foy et leur enfant,
M. et Mme Jules Molina et leurs enfants,
M. et Mme Gaston Molina et leur enfant,
Mlles Clémentine et Rose Foy,
les familles Foy, Ed. Pereyra Soarez, Eischteter, Dacosta et M. Léonce Castelle prient leurs amis et connaissances d’assister aux obsèques de
M. Elie FOY
leur père,
fils,
frère,
beau-frère,
oncle,
neveu,
cousin,
ami et associé »
N’est-ce pas merveilleux ? Après quelques minutes sur RetroNews, l’arbre généalogique de la famille Foy se dessinent sous nos yeux !

Le second avis de décès, relatif à Mme Léon, veuve d’Eugène Daniel Dacosta, et relayé par La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 25 mars 1916 ne témoigne pas de liens de parenté évidents avec les précédents.
Poursuivons notre approche de combinaison de noms de famille en saisissant à présent « Foy Laroque ». 18 extraits de journaux se profilent dont 4 intéressants. Tout d’abord, citons la mention du mariage de Marcel Laroque et de Désirée Léa Mayrargue dans Le Petit Marseillais du 28 octobre 1892. L’identité des témoins du marié, Léonce Foy, banquier à Bordeaux et William Molina, banquier à Toulouse, laisse penser qu’il s’agit peut-être d’un fils de Fernand.
Deuxièmement, l’avis de décès d’Esther Saint-Paul, épouse Foy, publié dans La France de Bordeaux et du Sud-Ouest se révèle une pièce maîtresse. Plus tardif que les précédents, il permet de suivre la progression de la famille et d’identifier une nouvelle branche avec Elysée, Eugène et Salomon Foy. En outre, il nous donne l’opportunité de réconcilier le Léonce du premier avis de décès et le David du second puisqu’il s’agit d’une seule et même personne.
Par ailleurs, le fait qu’il ne soit plus question « des enfants » de Jules Molina mais simplement de « leur fille » permet d’émettre deux hypothèses : soit un de leurs enfants est décédé entretemps, soit il s’est marié. La deuxième supposition est plus probable car elle explique la mention du lien de parenté « bisaïeule ». Dans ce cas, cela signifierait que Nathaniel Benzacar est le gendre de Jules Molina. Le troisième résultat conforte cette idée. Il s’agit de l’avis de décès d’Yvette Benzacar, épouse Jacques Rodrigues-Ely, paru dans La Petite Gironde du 9 février 1929. Y sont mentionnés Nathaniel Benzacar et Jules Molina.
Le quatrième extrait, tiré de La Dépêche du 19 mai 1921 annonce le décès de Noémie Foy, épouse de Fernand Laroque. On peut en déduire que :
- Noémie est née vers 1856.
- Elle a eu deux enfants : Georges, marié et Laure, encore célibataire.
- Il n’y est pas fait mention de Marcel Laroque.
Tâchons à présent de confirmer le lien de parenté Benzacar / Molina en renseignant « Benzacar Molina » ou « Benzacar Rodrigues ». L’Univers israélite du 17 avril 1925 décrit la cérémonie de mariage du couple :
L’Univers israélite du 17 avril 1925
Cet extrait confirme qu’Yvette Benzacar est la petite-fille de Jules Molina, trésorier du Consistoire de la Gironde. Lors de son décès, ce lien de parenté est rappelé par L’Univers israélite du 15 février 1929. On constate à cette occasion que ce journal complète admirablement La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 3 février 1929 et Le Matin du 8 février 1929 :
« M. Jacques Rodrigues-Ely, ingénieur civil des mines et sa fille, les familles Benzacar, Molina, Rodrigues-Ely, Jean Cahen, Louis Sehmoll, Ernest Weil, ont la douleur de vous faire part du décès de Mme Jacques Rodrigues-Ely, née Yvette Benzacar, décédée à l’âge de 25 ans. Ses obsèques ont eu lieu à Bordeaux le lundi 4 février 1929. »
Enfin, La Loi du 11 mai 1939 nous apprend les tensions entre Jacques Rodrigues-Ely et ses beaux-parents quant à la garde de sa fille :
Mais revenons à Jacob Foy, mentionné dans le premier avis de décès d’Aaron Eisenchteter, et tâchons d’identifier sa relation avec le reste de la famille grâce à la recherche avancée de RetroNews. La saisie des termes « Jacob Foy », très proches l’un de l’autre, renvoie 827 résultats. Un filtre sur le lieu de publication (Gironde ou Bordeaux) permet de ramener ce nombre à 16. Les différents extraits de journaux portent principalement sur deux sujets : la faillite en 1867 d’Achille-Jacob Foy, négociant à Bordeaux et le décès de Jacob-Henry Foy en 1879. Ce dernier événement est relaté par La Petite Gironde du 28 septembre 1879, La Gironde du 29 septembre 1879 et La Gironde du 30 septembre 1879. La publication de décès révèle qu’il réside 10 rue Honoré-Tessier et est âgé de 64 ans tandis que ses avis de décès listent ses différents proches parents :
- Son frère Moïse
- Ses sœurs Clémentine et Rose
- Sa probable nièce épouse Pereyra Soares.
- Ses neveux Achille, Eugène, Salomon et Elisé Foy
- Sa cousine Elisa Esther, qui n’est autre que la veuve d’Aaron Eisenchteter.
En outre, la formulation de l’avis de décès permet de prouver que Jacob-Henry et Henri Jeune sont une seule et même personne. Pour confirmer le lien de parenté avec la famille Pereyra Soares, saisissons tout simplement les termes « Foy Pereyra » dans le moteur de recherche. 6 archives de presse, toutes intéressantes, sont proposées. Au-delà des articles déjà connus, citons :
- L’avis de décès d’Edouard Pereyra Soarez, publié dans La Gironde du 18 janvier 1881, dans lequel sont cités Foy aîné et Foy Jeune.
- L’avis de décès d’Esther, épouse Foy, paru dans La Gironde du 14 juin 1881. Il s’agit de l’épouse du précédent Moïse Foy aîné.
- La mention du décès, à 75 ans, de Mlle Pereyra Soarez, petite-fille de feu Moïse Foy, dans L’Univers israélite du 15 février 1935.
Tâchons d’en savoir plus sur Mlle Pereyra Soarez. Si la recherche du terme « Pereyra », filtrée sur le mois de février 1935, est décevante, celle sur le terme « Soarez » donne satisfaction. Elle nous informe que Clémence Pereyra Soarez, âgée cette fois de de 73 ans, réside au 52 rue du Mirail ( La Petite Gironde du 12 février 1935, La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 13 février 1935, La Petite Gironde du 13 février 1935.
Comme nous pouvons le constater, l’arbre généalogique de la famille Foy s’est considérablement étoffé à partir d’éléments de départ pour le moins sommaires. La combinaison de deux noms de famille alliés l’un à l’autre (conjoints par exemple) est particulièrement efficace pour cibler ses recherches et restreindre le nombre de résultats. Néanmoins, cette « recherche par couple » exclut une multitude de mentions individuelles et induit une focalisation biaisée sur les avis de décès, qui figurent parmi les rares coupures de presse à citer deux noms de famille apparentés. Aussi avancée soit-elle, l’enquête est donc loin d’être achevée comme nous le découvrirons dans le prochain article…

L’arbre généalogique de la famille Foy
Ecrit par
Passionné de généalogie depuis l’âge de douze ans, Tony Neulat est rédacteur dans La Revue française de généalogie et membre de la European Academy of Genealogy. Il partage, depuis 2009, son expérience et ses conseils à travers ses publications et ses formations. Il est également auteur des guides Gallica et RetroNews : deux eldorados généalogiques, Retrouvez et identifiez toutes vos photos de famille, Retrouver ses ancêtres à Malte et Trouver des cousins inconnus ou perdus de vue.