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Généalogie

Une photo non identifiée ? Pensez à RetroNews !

La presse ancienne, en sus de fournir une multitude d’anecdotes familiales et de renseignements généalogiques, pourrait-elle être d’un quelconque secours pour les photos de famille ? Permettrait-elle d’identifier les visages inconnus qui y figurent ? C’est le défi de cette enquête.

archivesgénéalogiephotographie

Ecrit par

Tony Neulat

Publié le

30 juin 2025

et modifié le 21 juillet 2025

La presse ancienne, en sus de fournir une multitude d’anecdotes familiales et de renseignements généalogiques, pourrait-elle être d’un quelconque secours pour les photos de famille ? Permettrait-elle d’identifier les visages inconnus qui y figurent ? C’est le défi de cette enquête.

Quelle frustration, pour un généalogiste, qu’une magnifique photo de famille ancienne sans légende ! Quelle tristesse qu’un visage tombé dans l’oubli ! Quelle amertume lorsque les anciens de la famille ont emporté dans la tombe leurs précieux souvenirs ! Toutefois, l’identification de visages du passé, a posteriori et en l’absence de mémoire orale, ne relève pas nécessairement de la mission impossible. En confrontant plusieurs photos de mariage d’une même famille, il est souvent possible d’exhumer les noms des mariés et de leurs parents, voire grands-parents. En les comparant à des papiers d’identité, tels que les cartes d’identité, les cartes d’ancien combattant, etc., conservés au sein des familles ou des archives, les visages méconnus peuvent être tirés de l’oubli. En analysant scrupuleusement chaque détail d’une photographie militaire, et en la croisant aux registres matricules, un soldat inconnu peut retrouver son identité. Enfin, certaines photographies anciennes, prises dans des circonstances particulières – lors d’une commémoration, d’un événement sportif ou devant un commerce – livrent des indices précieux qui peuvent s’avérer déterminants, comme l’illustre cet exemple.

Un vieil album photo, comprenant 92 portraits, hélas dépourvus de toute légende, a été remis en 2014 aux archives municipales d’Epernay. Il appartient à un ensemble de documents relatifs à des imprimeurs de la ville au début du XXe siècle, la famille Payen. Un homme, à l’oreille gauche bien repérable puisque décollée, apparaît sur plusieurs d’entre elles.

Photographie appartenant aux archives municipales d'Epernay

Photographie appartenant aux archives municipales d'Epernay

Deuxième photographie appartenant aux archives municipales d'Epernay

Deuxième photographie appartenant aux archives municipales d'Epernay

Troisième photographie appartenant aux archives municipales d'Epernay

Troisième photographie appartenant aux archives municipales d'Epernay

Quatrième photographie appartenant aux archives municipales d'Epernay

Quatrième photographie appartenant aux archives municipales d'Epernay

De même, un homme plus âgé, au bouc pointu et à la moustache en guidon caractéristiques, attire notre attention. 

Quatrième photographie appartenant aux archives municipales d'Epernay

Quatrième photographie appartenant aux archives municipales d'Epernay

Saurons-nous les identifier à l’aide de la presse ancienne ? Certainement, à condition de passer chaque photo au crible fin. Jetons tout d’abord notre dévolu sur le groupe de cyclistes. Le brassard qu’ils portent à l’épaule n’est pas sans suggérer une équipe. Il y est inscrit « Audax » tout comme sur le fanion central. Il faut savoir que l’Audax, comme le révèlent quelques recherches en ligne, est une épreuve cycliste, de plusieurs centaines de kilomètres, basée sur la régularité et l'endurance. Elle a été introduite en France au début du XXe siècle. Voici un premier mot-clé de choix, qui, combiné au nom Payen, pourrait permettre d’amorcer une première recherche dans la presse ancienne en ligne. De fait, la simple recherche des termes « Payen Audax » renvoie 2 résultats, dont un, publié dans L’Auto du 25 mai 1921, s’avère très intéressant :

M. A. Payen y est qualifié de capitaine de route de la section d’Epernay. Il pilote une équipe de 12 personnes : 7 anciens brevetés et 5 nouveaux dont les noms sont donnés. Il est fort probable que la plupart d’entre eux apparaissent sur la photo !

Elargissons notre enquête à l’aide du curseur de proximité présent dans le moteur de recherche avancée, en le basculant de la position « Très proche » à « Proche ». Ce faisant, la recherche de ces deux termes n’est plus limitée au même paragraphe mais étendue à la colonne tout entière. Sont désormais proposés 90 résultats, que nous trions par date croissante à l’aide du menu situé à gauche, au-dessus des vignettes. Deux coupures de presse attirent notre attention :

  • L’Auto du 13 juin 1920 : Payen y est cité comme membre de l’Audax Club Parisien.
  • L’Auto du 2 septembre 1922 : il y est précisé que, pour la section d’Epernay, les inscriptions à l’Audax sont reçues chez M. A. Payen, 50, rue Saint-Thibault à Epernay.

Les trois résultats intéressants étant issus de L’Auto, la tentation est grande de lancer une nouvelle recherche limitée à ce journal à l’aide du filtre « Titre de presse », en saisissant simplement « Payen » au niveau du champ « Tous ces mots ». Néanmoins, aucun nouveau résultat probant n’en ressort. Qu’à cela ne tienne, poursuivons avec une nouvelle combinaison : « Tous ces mots » = « Audax Epernay » et « Titre de presse » = « L’Auto ». 6 résultats sont suggérés dont l’un, tiré de L’Auto du 31 mai 1923, complète les précédentes découvertes :

On y apprend non seulement que M. Payen est encore en charge des inscriptions des Audax en 1923 mais surtout qu’il se prénomme André ! Peut-on préciser l’identité d’André Payen ? Certainement, en nous tournant à présent vers les autres photos de l’album. Les deux photos militaires sont en effet très instructives. La première, réalisée en studio, comporte de nombreux indices pour qui sait les analyser :

  • Le nombre 31, au niveau du col, révèle le numéro du régiment d’André Payen
  • La médaille nous informe qu’il a été décoré de la Croix de Guerre
  • Le bonnet de police, le ceinturon en cuir de son camarade et son uniforme sont caractéristiques de l’arme des dragons.

En outre, la seconde photo, prise dans les tranchées, permet de situer cette photo pendant la Grande Guerre. Le même numéro 31 sur le col est parfaitement visible. Ainsi, André Payen a appartenu au 31e régiment de dragons pendant la Guerre 14-18. Muni de ces renseignements, il suffit de se rendre sur le site des archives départementales de la Marne pour conclure. Les registres matricules, véritables récapitulatifs des parcours militaires de nos ancêtres, y sont indexés et il suffit de saisir « André Payen » dans le moteur de recherche pour accéder à 26 résultats concordants. L’un d’entre eux, celui d’André Augustin Ernest Payen, est le bon :

  • Il a bien rejoint le 31 régiment de dragons
  • Il a effectivement été décoré de la Croix de Guerre
  • Il réside à Epernay, 50 rue Saint-Thibault.

CQFD. Le cycliste anonyme est identifié. Né le 22 février 1891 à Baerenthal (Moselle), il est lithographe à Epernay et le fils d’Ernest Augustin et de Catherine Koch, résidant 50 rue Saint-Thibault à Epernay. Son signalement est parfaitement cohérent avec ses portraits : 1 m 73, visage étroit, grand nez fin et rectiligne, grand front, cheveux châtain, yeux marron foncés, teint pâle, lèvres minces, bouche grande, menton fuyant, oreilles écartées, sourcils drus. Il décède le 24 septembre 1924 à Epernay.

Tâchons d’en apprendre davantage sur sa vie ou sa famille en saisissant simplement « Payen Epernay » au niveau du champ « Tous ces mots ». Parmi les 31 résultats suggérés, l’un s’avère une véritable pépite généalogique. Il s’agit d’un article de 2 colonnes et demie tiré du journal toulousain La Dépêche du 2 décembre 1934. Intitulé « De la conquête de la stratosphère, la protection contre le danger aérochimique » et sous-titré « L’intéressante invention d’un ingénieur toulousain et d’un maître imprimeur d’Epernay retient l’attention des pouvoirs publics ». Cet article annonce en grandes pompes l’invention et la fabrication d’une « cabine de préservation contre tous gaz toxiques » par Roger Breil, ingénieur, ancien élève de l’école supérieure de Toulouse, et Ernest Payen, maître-imprimeur d’Epernay et titulaire de plusieurs brevets d’invention. Or, cet article comprend une photographie de chaque inventeur !

Aucun doute n’est possible : l’homme âgé aux moustaches et bouc si caractéristiques de l’album photo n’est autre qu’Ernest Payen, le père du cycliste. Deux articles, parus respectivement dans Le Temps du 17 octobre 1942 et La Croix du 24 octobre 1942 nous informent de son décès à travers leurs nécrologies :

« On annonce la mort à Epernay de M. Ernest Payen, maître-imprimeur, âgé de 82 ans. Au début du siècle, il avait été à Suresnes le confident de Charles Péguy, dont il avait imprimé les premiers Cahiers de la quinzaine. »

Une recherche sur l’expression « Ernest Payen » permettrait de dénicher des nécrologies similaires dans Le Petit Provençal du 17 octobre 1942, Le Petit Journal du même jour et le Journal des débats politiques et littéraires du 19. 

Ainsi, grâce aux journaux de l’époque, deux portraits ont recouvert leur identité ; deux anciens ont retrouvé un visage. Cette enquête illustre une nouvelle fois les mérites insoupçonnés de la presse ancienne en ligne. Au-delà des annonces officielles d’état civil, des faits divers sensationnels et des mornes avis de décès, les journaux d’époque abondent de précieux renseignements pour nourrir notre arbre généalogique et même – qui l’eût cru ? – associer des noms aux visages de nos ancêtres.

Mots-clés

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TN

Ecrit par

Tony Neulat

Passionné de généalogie depuis l’âge de douze ans, Tony Neulat est rédacteur dans La Revue française de généalogie et membre de la European Academy of Genealogy. Il partage, depuis 2009, son expérience et ses conseils à travers ses publications et ses formations. Il est également auteur des guides Gallica et RetroNews : deux eldorados généalogiques, Retrouvez et identifiez toutes vos photos de famille, Retrouver ses ancêtres à Malte et Trouver des cousins inconnus ou perdus de vue.

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