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Coup d'État du futur Napoléon III : la presse immédiatement censurée

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Renversement de la République, coup d’État du 2 décembre 1851 – source : Gallica-BnF

À la suite du Coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte, bientôt Napoléon III, le périodique républicain L’Émancipation se voit lourdement entravé. Suite à ses prises de position la chute du journal semble inexorable : il cessera de paraître au mois de janvier suivant.

Le 20 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de l’Empereur Napoléon Ier, est élu président de la Deuxième République. Après trois ans passés au pouvoir, son mandat arrive à son terme et la Constitution lui interdit de se représenter.

Le 2 décembre 1851, le futur Napoléon III organise ainsi un Coup d’État : l’Assemblée nationale est dissoute, les chefs de l’opposition parlementaire sont emprisonnés, une nouvelle Constitution est rédigée… Le 10 décembre, le journal républicain du Midi L'Émancipation revient sur les événements dans un édito indigné et largement censuré ; le rédacteur, avocat de son état, évoque notamment l'impossibilité de faire paraître le numéro du 5 décembre, de même que sur la présence de policiers et de militaires dans les locaux et l'imprimerie du titre de presse.

Victime de la censure imposée par le nouveau régime, L'Émancipation disparaîtra un mois plus tard. L'année suivante, le 2 décembre 1852, Bonaparte sera sacré Empereur des Français sous le nom de Napoléon III.

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TOULOUSE, 9 DÉCEMBRE

Dans notre numéro du 5, saisi par ordre supérieur, nous disions au public :

« Nous ne sommes pas journalistes mais nous sommes gens de cœur et d’honneur, nos amis sont incarcérés ou forcés de fuir ; nous ne les remplacerons pas, nous les suppléerons momentanément, et le drapeau de la démocratie ne sera pas abaissé par nous. »

Depuis lors la police a mis la main sur le journal, les scellés sur les presses, et nos bureaux, notre imprimerie, notre logement ont été occupés militairement. Nous avions promis de ne pas châtrer les nouvelles qui nous arriveraient, et nous avons mieux aimé nous résigner au silence : ce n'était pas trop d'ailleurs de quatre jours de deuil et de recueillement.

Aujourd’hui nous reprenons notre œuvre interrompue ; mais que nos lecteurs sachent bien que nous leur écrivons sous l'œil de l'autorité, et que nous ne sommes, jusqu'à des temps meilleurs, que l'écho des nouvelles offici...

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