Écho de presse

Le manifeste pionnier de Zola en faveur d'un journalisme engagé

le par

Photographie d'Emile Zola, 1902 - source : WikiCommons

En 1881, Émile Zola annonce qu'il quitte le journalisme dans un article intitulé « Adieux ». Un texte qui s'affirme comme une véritable déclaration d'indépendance de l'artiste engagé, en même temps qu'un plaidoyer en faveur de la presse.

Le 22 septembre 1881, Le Figaro publie un article d’Émile Zola intitulé « Adieux ». Après un an passé à signer des chroniques dans le quotidien, le célèbre écrivain y annonce qu'il tire sa révérence. Entré dans le journalisme en 1863, Zola le quitte l'année même où est adoptée la loi sur la liberté de la presse (le 29 juillet).

 

Les « Adieux » de Zola, parus en Une du journal, se révèlent un texte à la fois personnel et très politique. Personnel parce que l'auteur de L'Assommoir et de Germinal y livre un bilan émouvant de ses quelque 18 années passées à ferrailler dans les pages des journaux, y rédigeant jour après jour des centaines de chroniques, portraits, compte-rendus, reportages, pamphlets et critiques.

 

Politique parce que ces adieux sont aussi un manifeste vibrant pour un journalisme de contre-pouvoir.

« Me voici au terme. J'ai tenu la promesse que je m'étais faite de batailler ici pendant une année, et j'estime à cette heure que cela suffit. Quand j'ai accepté l'hospitalité si large du Figaro, ma pensée a été d'y venir défendre, à la tribune la plus retentissante de la presse, devant le grand public, quelques idées bien simples et peu nombreuses, qui me tenaient au cœur.

 

Mon sentiment est que le triomphe d'une idée unique demande la vie d'un homme. Mais il faut compter avec les exigences légitimes d'un journal, et pour le succès même de ma cause, je préfère ne pas me répéter, ayant dit en somme tout ce que j'avais à dire. »

Revenant sur son année au Figaro, Zola explique que son combat a d'abord été celui d'un républicain, prompt à dénoncer tous les dévoiements de la jeune et encore fragile IIIe République – et ce au sein même d'un journal pourtant conservateur. Sa cible première : les hommes politiques, qu'il englobe dans un même mépris et dont il fit un portrait à charge particulièrement virulent dans un articl...

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