Écho de presse

« Les amis des Poldèves » : histoire d’un canular d’extrême droite

le par

« L'ami des Poldèves », réutilisation a posteriori du terme dans un article sur un autre sujet, Gavroche, 1946 - source : RetroNews-BnF

En mars 1929, Alain Mellet, journaliste du quotidien royaliste L’Action française, écrit sous une fausse identité à de nombreux parlementaires républicains pour leur demander de soutenir la lutte du « peuple poldève ». Plusieurs députés se feront piéger par ce canular.

Le 13 avril 1929, les lecteurs de L’Action française, l’« organe du nationalisme intégral » dirigé par Léon Daudet et Charles Maurras, découvrent la première partie d’une surprenante histoire. Il s’agit du premier de quatre articles narrant les aventures des représentants du « Comité de Défense Poldève ».

Ces derniers envoient des lettres aux parlementaires français dans l’espoir d’obtenir leur soutien pour la cause d’un peuple opprimé. Le texte de la première lettre décrit la situation préoccupante dans laquelle se trouvent les habitants de la Poldévie :

« En plein vingtième siècle de lumières et de Droits, près de cent mille infortunés Poldèves, esclaves modernes, halètent sous le joug de quelques dizaines de grands propriétaires terriens.

Femmes, vieillards, enfants (parce que les hommes travaillent dans les usines et dans les entreprises agricoles d’autres pays) mènent une vie misérable de bêtes. Aucun secours pour eux si la délivrance ne vient pas de la conscience mondiale que nous venons chercher dans votre cœur. […]

Donc, honoré Monsieur le Député, nous venons dire : Aidez-nous ! Nous ne demandons pas le plus petit secours en argent, mais seulement votre éminent appui moral par une lettre pour notre dossier que nous voulons présenter le mois prochain à la 3e sous-commission de la Commission des Droits des Minorités de la Société des Nations. »

La lettre, signée Lyneczi Stanthoff et Lamidaeff (lire : L’inexistant-hoff et L’ami d’A. F., pour « Action française ») est envoyée à plusieurs députés républicains qui avaient, pour la plupart, voté contre la création de congrégations missionnaires, soutenues par le parti maurassien.

Il s’agit en réalité d’une invention de toute pièce : les Poldèves « croisement de race entre Moldaves, Polonais et Slovènes », n’existen...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.