Interview

L'histoire mouvementée du dessin de presse en France

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Le général d'Amade, "pacificateur du Maroc", en boucher, dessin de Delannoy, Les Hommes du jour, 1908 - source : Gallica-BnF

Le dessin satirique français découle d'une longue tradition, unique en son genre. Quelles sont les limites à la liberté des caricaturistes ? Comment s'est exercée la censure pendant les deux guerres mondiales ? Retour sur cette histoire riche et mouvementée avec l'historien Christian Delporte.

RetroNews : Quand la caricature apparaît-elle puis se développe-t-elle dans la presse ?

Christian Delporte : La caricature est très ancienne puisqu'elle remonte à l’Antiquité, puis s’est développée sous forme d'estampes à partir de l’invention de l'imprimerie. La Révolution française voit l’explosion des images satiriques.

La pénétration dans la presse débute dans les années 1830, à partir du moment où l’on peut les reproduire dans de bonnes conditions grâce à la lithographie, d’où la multiplication des journaux satiriques – La Silhouette, Le Charivari, La Lune, La Charge – où la caricature occupe toute la Une mais dont les tirages restent assez faibles. À la fin du XIXe siècle, la photogravure puis d’autres procédés mécaniques donnent un nouvel élan aux hebdomadaires satiriques (comme L’Assiette au beurre ou Le Rire).

Ce type de journal est encore solide dans l’entre-deux-guerres mais, depuis le début du XXe siècle et surtout dans les années 1920, c’est dans la presse quotidienne que s’exprime d’abord le dessin satirique. Les nouveaux dessinateurs (Gassier, Sennep…) ne sont plus des artistes mais des journalistes qui suivent l’actualité politique et acceptent de simplifier leur trait pour permettre de faciliter la reproduction de leurs dessins sur le médiocre papier qui caractérise la grande presse quotidienne. En valorisant l’idée et la légende plus que l’aspect artistique du croquis, les dessinateurs d’avant-guerre montrent la voie à toutes les générations fu...

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