Interview

Quelle liberté pour les femmes à la fin du Moyen Âge ?

le par

« Le cuisinier et sa femme », estampe d’ Albrecht Dürer, 1497 - source : Gallica-BnF

Dans sa thèse Des femmes dans la ville : Amiens (1380-1520), Julie Pilorget étudie la place des femmes en milieu urbain au Moyen Âge tardif. L’historienne démontre comment une somme de facteurs a permis à ces citadines – et parfois, travailleuses – d’obtenir certaines libertés.

Dans les derniers siècles du Moyen Âge, les sociétés urbaines du nord de l’Europe ont offert aux femmes de multiples possibilités d’exercer divers rôles sociaux, économiques et religieux de certaine importance. Depuis le début des années 1980, de nombreuses études ont été réalisées sur le sujet, pour l’essentiel à partir d’exemples anglais, bourguignons ou allemands.

Julie Pilorget a quant à elle choisi de centrer sa thèse sur une ville du nord de la France, Amiens, en Picardie, se situant aux confins de ces diverses influences.

Propos rapportés par Mazarine Vertanessian

RetroNews : Pourquoi vous être focalisée sur la région picarde et particulièrement sa capitale, Amiens ? 

Julie Pilorget : Mon analyse d’Amiens s’inscrit dans une étude comparatiste du noyau urbain de l’Europe du nord, qui va de l’Île-de-France au Nord, en passant par l’Allemagne, les Pays-Bas et le sud de l’Angleterre. Ces territoires sont encadrés par un droit oral, alors qu’il est écrit au sud de l’Europe. L’oralité figeant beaucoup moins les règles, les femmes peuvent en jouer et en tirer parti.

Durant le haut Moyen Age, en Picardie, particulièrement dans la ville d’Amiens, apparaît une production drapière qui fait peu de distinction entre les travailleurs, ce qui permet aux femmes d’y trouver une place. La coutume picarde établit aussi une communauté de biens entre les époux, ce qui légitime la participation de la femme à l’accroissement des biens du ménage. Ce sont ces particularités des coutumes du nord de l’Europe, plaçant la femme comme acteur économique, qui ont fait que je me suis particulièrement penchée sur cet espace.

Votre thèse étudie une tranche spécifique de la population : les femmes issues des milieux populaires et de la bourgeoisie. Pourquoi ?

On sait peu de choses sur leur place car ce sont essentiellement les reines qui ont été étudiées. L’Histoire des femmes, dans un premier temps, a commencé par une histoire de leur malheur. On revenait essentiellement sur les silences de l’Histo...

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