Extrait du journal

Pour tenter une telle réhabilitation du marquis de Sade, il faudrait toute l'imagination d'un romancier. -Bourreau de femmes, de Sade le fut autrement qu'en paroles. Il fut le bourreau moral de sa femme, d'abord, de sa belle-soeur ensuite ; avec d'autres, il le fut mieux qu'au figuré. Soutenir que de Sade se bornait à faire Il de la mise en scène », est une invention, sans plus. Mais placer ce hardi paradoxe dans la bouche même du marquis est une plaisanterie. De Sade ne se « livrait pas de grand cœuir à Sa légende », lui, qui, en 1795, poussait la lâcheté jusqu'à renier ses ouvrages ! Le 30 floréal, an X, il écrivait au Ministre de la Justice: « On m'accuse d'être l'auteur du livre de Justine. L'accusation est fausse! Je vous le jure zu nom de ce que j'ai de plus sacré! » Et dans l'Idée sur les romans, il affirme, parlant des ouvrages licencieux: « Jamais je n'ai fait de tels ouvrages; et je n'en ferai sûrement jamais; il n'y a que des imbéciles ou des méchants qui, malgré l'authenticité de mes dénégations, puissent me soupçonner encore d'en être l'auteur! » A ses dénégations, d'ordre littéraire, joignons celles de ses avocats, en matière de faits. Elles ne valent pas mieux!...