Extrait du journal

Ce qui se passe à l'hôtel George V est vraiment extraordinaire. J'aurais très bien compris qu 'un financier américain, réputé pour sa notoriété et sa compétence, présidât la conférence des experts, pourvu qu'il laissât ses collègues des autres nations absolument libres de répartir, suivant les convenances de leurs pays, les sommes que l'Allemagne serait amenée à verser pendant un certain nombre d'années pour se libérer définitivement du tribut des réparations, imposé par le traité de Versailles. Mais, du moment qu'on a établi d'un commun accord deux parts bien distinctes dans le forfait, l'une, absolument intangible, réservée au paiement des dettes interalliées à l'Amérique, et l'autre, relative aux indemnités des dommages, et soumise à des marchandages et à des réductions, il est singulier que ce soit M. Owen Young qui suggère les combinaisons, et mène tout seul le jeu. En effet, comme son gouvernement n'admet pas la moindre discussion sur ce qui lui est dû, et qui est mis désormais au compte de l'Allemagne, ce sont les Alliés, et surtout la France, qui font tous les frais de l'opération. Ne trouvezvous pas que l'attitude des Américains manque, sinon de générosité, nous ne leur en demandons pas tant, mais d'élégance ?...