Extrait du journal

LIGUE DES FEMMES FRANÇAISES Lyon, bciceau de tant de grandes œuvres, vient de voir se fonder une « Ligue des femmes françaises » dont.le but est la politique, et ce que la poli tique a de plus aigu et de plus combatif, l’action électorale. A la bonne heure I Voilà des Fran çaises qui n’ont pas froid aux yeux. C’est une constatation un peu « peuple » qui leur plaira davantage que le compli ment le mieux poli et repoli à tournure de madrigal. Nos consœurs de la Ligue, en descendant dans l’arène où les luttes empruntent souvent quelque férocité, savent fort bien qu’elles s’exposent à des horions et à des insultes dont ne les préservera pas leur qualité de femmes. N’importe ! Au prix de quelques dé sagréments personnels, elles veulent apporter à la cause de la pairie, de la propriété et de la liberté l’appui de leur argent et de leur influence. Ce que femme veut... Si le proverbe est vrai, les intérêts sacrés pour lesquels nous combattions ici avec des alterna tives diverses seront mieux défendus qu’ils ne le furent jamais. Les petites mains des femmes ont délié plus de nœuds goidiens que l’épée d’un Alexandre n’en pourrait trancher. La Ligue fondée à Lyon contribuera sans doute à débrouiller l’écheveau inextrica ble de notre politique qui oiïre celle sin gulière contradiction de voir traqué à l’intérieur ce que nous protégeons à l'ex térieur, dénoncé et poursuivi en France ce que M. Delcassé impose à 1 heure actuelle au sultan, sous la menace du canon. C’est la politique du bon sens que promettent de défendre les ligueuses dans le court et magnilique programme que voici : Pour la Patrie et pour la Liberté. Femmes de France, Les plus grands périls menacent la pa trie et la liberté. Leurs adversaires se proposent de leur porter, aux élections {>rochaines, le dernier coup. Il nous faut es défendre. Nous avons signé des péti tions; les Chambres n’en ont pas tenu compte. Nous sommes cependant la moitié de la population de la France, et quand il s’agit de nos consciences et de nos en fants, il semble que cette partie de la France a le droit de se faire entendre. Puisqu’on ne daigne pas nous écouter, il nous reste d’agir. C’est pour rendre notre action efficace et pour répondre à l’appel jeté vers nous de tous les points de la France, que nous avons constitué celte Ligue.Son but est de soutenir, aux élections prochaines, avec notre influence, avec notre argent, avec nos sacrifices, les comités et les candidats qui s’engageront à défendre la propriété, la patrie et la liberté. Femmes, nous avons le cœur plein de pitié pour la misère des foules et nous voulons qu’on protège les faibles ; mais nous savons qu’on les trompe, qu’on les fait souffrir et qu’on les pervertit avec des chimères : nous réprouvons le socialisme....