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Courrier de Saône-et-Loire, 18 février 1852

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Courrier de Saône-et-Loire
18 février 1852


Extrait du journal

confiance du peuple , et c'est la conscience de cette situation nouvelle qui doit diriger le peuple dans ses choix pour l’élection des membres du Corps législatif. Il ne s’agit plus aujourd’hui, Messieurs, de nommer une Assemblée qui soit investie d’une partie des préro gatives du pouvoir exécutif, et puisse jamais prétendre à une autorité rivale de la sienne; les membres du Corps législatif auront pour unique mission d’examiner les lois élaborées par le conseil d’Llat, de les accepter ou de les rejeter, sans qu’il leur soit jamais permis de les modifier par ces amendements qui détruisaient ou dénaturaient sans cesse la pensée du gouvernement. Ainsi, le Corps législatif ne sera qu’une sorte de jury appréciant dans sa conscience les actes qui lui seront soumis, et son action restera étrangère à la direction des affaires de l'Etat, qui demeurent entièrement ré servées à la haute initiative du gouvernement. Cette définition du caractère et du rôle du Corps législatif indique suffisamment, Messieurs, que l’élection du 29 février ne doit être, ni pour le gouvernement , ni pour le pays, l’objet des mêmes préoccupatious que par le passé, et la Constitution de 1852 ayant en outre décidé que les fonctions de membre du Corps législatif seraient gratuites, tique toute fonction salariée serait incompatible avec l’exercice du mandat législatif, il en résulte que l’éligibilité se trouve heureusement concenlrée chez les hommes d’une position parfaitement indépendante, dépourvus de toute ambiljou personnelle et exclusivement animés du désir de coucourir, par leurs lumières, leur expérience, leur patriotisme, à la grandeur cl à la prospérité du pays. C’est un acte d’un grand désintéressement de la part da chef de l’Etat, d’avoir exclu du Corps législatif les fonctionnaires salariés, et c’est un acte de grande sa gesse d’avoir décidé que les fondions législatives seraient gratuites, parce que ces fonctions ne peuvent manquer de se relever dans l’opinion publique, lors qu’elles ne pourront plus être briguées que par l’abné gation cl le dévouement. Vous vous attacherez, Messieurs, à faire comprendre ces idées autour de vous, et c’est pour rendre la réali sation de ces idées plus accessibles à tous que le gouvernement a placé le vole à la commune, et qu’il a revendiqué pour lui-même le droit de désigner aux suffrages populaires , par l’entremise de ses agents dans les departements et dans les communes , les candidats qui lui sembleraient les plus dignes de la confiance du peuple cl du gouvernement. Il est encore un point, Messieurs, où l’élection du 29 février différera des élections de l’ancien régime parlementaire : c’est que, la Constitution de 1852 ayant substitué à l’élection par département et par arrondissement un système d’élection dont un chiffre déterminé de population forme la base, il s’ensuit nécessairement que les idées de représentation locale qui étaient un des caractères distinctifs des anciennes élections ne sont plus applicables à l’élection future, et que cette nouvelle élection doit avoir pour but la gestion des intérêts généraux plutôt que celle des intérêts lo caux. C’est là encore, Messieurs, une heureuse innova tion de la Constitution de 1852; car il est arrivé presque toujours, sous les régimes parlementaires précédents, que la préoccupation des intérêts locaux a nui à la bonne gestion des intérêts généraux, et le sacrifice des intérêts généraux à des intérêts de localité avait pour consé quence inévitable la ruine de nos finances au profit des coteries privilégiées que le hasard des circonstances faisait prévaloir tour à tour dans nos assemblées politi ques. Le patronage des intérêts locaux auprès du pouvoir central appartiendra désormais, Messieurs, à l’admi nistration , et aura pour représentants les Préfets , les Sous-Préfets et les Maires , qui sont redevenus euxmêmes les agcnls directs du pouvoir exécutif. C’est la mission spéciale de l’administration d’étudier les vœux et les besoins des populations, de signaler ees besoins et ces vœux à la sollicitude du gouvernement, et de donner ainsi satisfaction à chacune des fractions du territoire dont l’ensemble constitue l’Etat, et a pour...

À propos

Lancé sous le titre Le Drapeau tricolore en 1832, ce journal de Chalon-sur-Saône devient le Courrier de Saône-et-Loire en 1840. En 1921, il absorbe le Journal de Saône-et-Loire et l'intègre à son nom en 1947 pour donner Le Courrier, Le Journal de Saône-et-Loire. Depuis 2000, le titre est publié à nouveau sous le nom Journal de Saône-et-Loire.

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Données de classification
  • de persigny
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