Extrait du journal

Marcel se rappela cette journée terrible où un éboulement causa la mort de son malheureux père. On lui avait raconté bien des fois l’accident et il l’avait présent à la mémoire comme s’il datait d’hier : M. Bernié venait de descendre, comme il en avait l’habitude quotidienne, an pied du puits; il se dirigeait à travers une al lée pour montrer à quelques ouvriers un endroit où il était dangereux de creuser à cause d’nn courant d’eau qu’on pouvait y rencontrer, lorsqu’il fût accosté en pas sant, par un mineur qui le pria de véri fier son travail et de le renseigner sur la façon de faire tomber un bloc. — Prends garde, avait dit le père de Marcel à l’ouvrier, tu t’y es mal pris hier, tu aurais dû m’attendre. — Ce n’est pas moi, c’est Claude qui a ainsi creusé. Claude était le mineur qui prenait le service à trois heures de l’après midi et remontait à trois heures du matin et l'ou vrier qui parlait descendait au puits à trois heures de l’après-midi. Du soir au matin, dn matin au soir, on fouille toujours dans le ventre de la terre, excepté le dimanche jour de repos absolu. — Claude n’est pas adroit, reprit M. Bernié, un coup de pioche fortement don né à côté produirait un éboulement, va prévenir tes compagnons à droite, je vais à gauche. Le « porion » n’avait pas fait deux pas dans la direction qu’il indiquait, qu'une grosse portion de pierre et de charbon se détacha en un bloc compact et tomba sur le malheureux. Le mineur avait entendu le cri désespé...