Extrait du journal

L’opinion d’un général allemand Berlin. — Sur le rôle de la Russie en cas de guerre, le général Litzmunn écrit dans la Tœgliche Rundschau : « La France a l’intention de prendre l’offensive stratégique et par conséquent a besoin d’une supériorité numérique aus si forte que possible vis-à-vis de l’armée allemande de l’ouest. Si vraiment 6 corps d’armée allemands sont immobilisés par une attaque brusque de la Russie, nous n’aurons que 10 corps à opposer à 22 corps français, et la France peut compter en outre sur 150.000 hommes envoyés par l’Angleterre. La France met en temps de paix sa richesse financière à la disposition de la Russie, exigeant en échange un ap pui presque illimité en cas de guerre. Les Russes semblent tout disposés à donner satisfaction à leur banquier, car ils ar ment avec zèle et tiennent les choses stric tement secrètes, de façon que rien n’en transpire. On est donc parfaitement jus tifié à se demander quel but poursuivent nos voisins de l’est avec leurs armements extraordinaires. » L’auteur de l’article constate ensuite que l’Autriche se verra probablement obligée de mobiliser 5 corps d’armée contre ses voisins balkaniques et qu’elle devra tenir tête, en outre, à la poussée slave dans son propre pays. Il ajoute « qu’il ne faut pas compter avec l’aide immédiate de l’I talie contre la France. » Il se pose cette question : « Que restet-il dans cette situation critique ? » Le général conclut : « Avant tout, nous ne devons pas per dre notre confiance en nous-mêmes. Notre armée est d’une fidélité et d’une bravoure exemplaires, et elle supporterait même quelques échecs sans perdre sa cohésion et sa discipline : elle est bien armée, bien équipée, bien entraînée et commandée. Il n’existe pas d’armée meilleure, et la su périorité du nombre ne doit pas nous efirayèr. Nous ne provoquons personne à la guerre, nous ne molestons aucune autre puissance ; au contraire, dans les litiges, nous avons toujours cédé pour la cause de la paix. Le jour où nous tirerons l’épée, c’est que la guerre sera nécessaire et que l’honneur et la sécurité de la patrie seront menacés. Cette conscience de notre bon droit nous donnera une supériorité mora-...