Extrait du journal

pourrions le faire par des manifestes, l’op portunité de notre initiative. Mais il est un reproche, par contre, que nous ne saurions laisser passer sans pro testation, car s’il était fondé il serait de naturel à nous troubler profondément : c’est celui qui consiste à dire que nous in troduisons la division dans le parti répu blicain. Cette division, en effet, elle existe et ne peut nous être imputable. Elle se complique même, à l’heure actuelle, d’une telle confusion qu’il est permis de dire que ce n’est plus de la division, mais de l’émiet tement. A cette situation, dont les consé quences ne peuvent qu’être funestes pour le parti républicain, il n’est qu’un re mède : c’est, au lieu de chercher à dissimu ler ce qui nous sépare sous la confusion qui règne dans nos rangs, de nous en rendre loyalement compte et de nous en inspirer en vue d’une réorganisation de notre parti. Il s’agit là d’une œuvre de sincérité et de probité politiques. Qu’on le veuille ou non, il existe dans le parti républicain, représenté à la Chambre par les quatre groupes de gau che, deux tendances bien distinctes qui se sont affirmées dans de nombreux scrutins. Les uns, fidèles à l’ancienne con ception du bloc, sans se rendre compte, ou plutôt sans vouloir reconnaître que les temps ont changé et que leurs alliés d’hier ont singulièrement évolué dans le sens révolutionnaire, croient possible une politique de collaboration avec l’élément socialiste unifié, qu’ils sont tout disposés à faire entrer dans la majorité gouverne mentale. Les autres, dont nous sommes, pensent au contraire qu’un gouverne ment dont le premier devoir est d’assurer l'ordre dans le pays en même temps que le fonctionnement de ses institutions, ne peut, sans tomber dans une contradiction flagrante et s’exposer aux plus cruels mé comptes, s’appuyer sur des hommes qui non seulement refusent de voter le bud get, condition essentielle de toute action gouvernementale, mais poursuivent au grand jour, sops le prétexte de lutte de classes, une œuvre de désorganisation et d’anarchie. Entre ces deux tendances, il serait puéril de se dissimuler qu’il existe plus qu’une divergence. Il ne s’agit de rien de moins, en effet, que de concep tions gouvernementales opposées. Un vent de réorganisation souffle d’ail leurs depuis quelques jours à travers les cloisons fragiles qui séparent les uns des autres les groupes de la majorité. On n’en tend plus parler dans les milieux de gauche que de reclassements nécessaires, de cohésion indispensable, de discipline qui s’impose. Serait-ce le prélude d’une ère nouvelle ? Si cela était, ceux dont l’initiative a contribué à déclancher un pareil mouve ment pourraient considérer qu’ils n’ont pas si mal servi la République. André MAGINOT, Député de la Meuse....