Extrait du journal

les deux jeunes gens cependant échangè rent plus d’une fois des regards et des serrements de main plus éloquents que tous les discours. Mlle Beaumont ne se rendait pas compte de la nature du sentiment qui l’attirait vers Gustave de Vais. Jusque-là elle s’étaitlaissée aller à cette intimité pleine de charmes, comme on se laisse volontiers bercer par l’aile d’or d’un songe heureux. Elle s’endormait dans ce bonheur à deux, calme et tranquille, sans faire le moindre effort de volonté pour revenir à la vie réelle. La révélation soudaine de la possibilité d’une autre existence jeta l’effroi dans cette âme candide. Elle comprit alors de quel amour profond elle aimait GusSi William Brent eût été le premier venu, sa douleur eût été moins vive; elle aurait pu le refuser. Mais elle savait les services immenses que l’Américain avait rendus à son père, et elle n’ignorait pas que grâce aux actions du Nebraska, plus des deux tiers de la fortune de M. Beaumont se trouvaient entre les mains de son associé....