Extrait du journal

Mulhouse, 16 juin. La presse française s’accorde généralement à n’attacher qu’une minime impor tance à l’attentat dirigé contre le président de la République, au moment où il passait, dimanche, par le bois de Boulogne, pour se rendre aux courses de Longchamps. L’an dernier, déjà, un fou a profité du passage de M. Félix Faure, presque au même endroit, pour manifester en tirant sur lui un coup de revolver, heureuse" ment sans l’atteindre. Cette fois, c’est un engin explosif qui a servi à l’auteur de cette nouvelle manifestation, car il ne s’agit ni de complot ni de tentative sérieu sement combinée pour mettre à mort le chef de l’Etat. Selon toutes les probabi lités l’auleur de ce pseudo-attentat est un fou ou un exalté. Le ton des devises et des sentences trouvées dans le bosquet où a éclaté l’engin, permet de supposer que cet exalté n'est pas un anarchiste ou un révolutionnaire, mais un malheureux dont l’esprit aura été dérangé par quelque mésaventure ; c’est un patriote, disent les journaux, car il revendique l’Alsace-Lor raine, et un patriote romantique, car il y joint une allusion à la Pologne. En som me, il n y a dans ce médiocre pétard rien qui puisse rappeler les terre _. s de l’anarchie: c'est une mystification ou l’œuvre d’un dément....