Extrait du journal

A propos de la Serbie, on signale un nou vel incident à ajouter à ceux qui se sont produits, ces temps derniers, à la frontière serboturque et qui ont provoqué une certaine tension dans les relations entre la Porte et le cabinet de Belgrade. Un courrier du minis tère des affaires étrangères de cette capitale, envoyé avec la valise diplomatique auprès des consuls serbes de la Vieille Serbie, a été em pêché par le commissaire turc de passer la frontière, bien qu’il fût en possession d’un passeport signé par le consul turc à Belgrade. Le ministre de Serbie à Constantinople, comme bien l’on pense, a immédiatement joint ce nouvel incident à son dossier de réclamations et de protestations auprès de la Porte, et il s’est fait appuyer par l’ambassadeur de Russie à Constantinople, en menaçant le gouver neur turc d’user de représailles. On donne raison à la Serbie de protester, mais si des mesures énergiques n’ont pas été prises à Constantinople dès ses premières réclamations, c’est sans doute parce que l’on y a été choqué par le ton de ces protestations et par l’intervention indirecte de l’ambassadeur de Russie. La Turquie, d’autre part, a autant, si pas plus, de raisons que la Serbie de prévenir les incidents de ce genre, puisque toute violence de sa part est exploitée par les puissances pour l’affaiblir et pour atteindre son prestige. On croit que les incidents en question ne sont dus qu’à un malentendu, à une maladresse de quelque fonctionnaire trop zélé, comme il s’en produit dans tous les pays où une autorité trop grande et une responsabilité trop directe sont laissées aux agents de l’Etat. Il est probable que de loyale0 explications ne tarderont pas à dissiper ce malentendu et que la paix, du fait de ces incidents, ne sera pas menacée en Orient....