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Le Figaro, 8 avril 1935

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Le Figaro
8 avril 1935


Extrait du journal

Nous sortions justement du Figaro. Il était midi et, par ce premier dimanche d'avril, il régnaifsur les Champs-Elysées cet air d'allé gresse qui est le complément des manteaux de demi-saison. Soudain, deux cris retentirent sur. le Rond-Point. Le premier ressemblait à celui que font les ballons d'enfant quand ils se • dégonflent, brusquement.. Le second était un cri de femme. Et nous vîmes ce spectacle navrant : sur la chaussée, un pauvre petit scotsh-terrier qu'un taxi venait d'écraser net s'immobilisait déjà, les pattes en l'air, dans cette position que prennent les chiens pour mourir et qui les apparente aux morts hu mains. Au chevet de cette agonie, une jeune femme se penchait. Elle portait un tailleur de printemps et un chapeau de paille garni d'une grappe de cassis qui ponctuait ses san glots d'un bruit de castagnettes. L'ami qui m'accompagnait, et qui fait vo lontiers de l'esprit, me dit : — Si vous voulez remonter faire votre article, ne vous gênez pas. Il ne croyait pas si bien dire. Il y a, dans le chien écrasé dont on a fait le symbole du journalisme, un sujet d'article aussi bien qu'un sujet d'envoi 'pour le Salon d'Automne et un sujet de composition française pour le brevel supérieur. Cet article, il faudrait pour le traiter un moraliste, un philosophe, un; dé ces esprits habiles à passer du particulier" au général et à trouver les grands moments de la conscience universelle dans la mort d'un seul petit chien. ) Cet article dirait sans doute que |es fem-, mes sont cruelles puisqu'elles ont pillé pour leur parure la ' faune dé tous les continents, qu'elles ont arraché sa fourrure au ragondin, sa plume à l'autruche et sa perle à l'huître. Elles s'ornent même avec des animaux vivants, tels que les pékinois, les lévriers ou les ter riers, dont le destin n'était pas de traverser des rues au milieu des autos. Et le moraliste ajouterait' qu'il faut demander aux femmes d'avoir la même sollicitude pour leur chien que pour le renard argenté dont elles s'assu rent, dans chaque vitrine, s'il est toujours sur leur dos. Cette jeune femme, qui n'avait besoin ni d'être défendue, ni d'être conduite comme un aveugle, ni: d'être aimée comme un pauvre, elle était évidemment, bien coupable d'avoir voulu-un chien parce que c'est la .mode et de l'avoir laissé écraser. Mais, comme, il n'y a pas de justice, son. repentir et son immense chagrinia rendaient, justement plus jolie. : James d(e Coquet...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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