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Gavroche, 25 octobre 1945

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Gavroche
25 octobre 1945


Extrait du journal

J’avais connu Sigmund Freud — cet esprit vaste et rigoureux qui, comme pas un autre de nos contemporains, a approfondi et étendu la connaissance de l’âme humaine — au temps où, à Vienne, il luttait seul, obstinément et difficilement, à la fois estimé et attaqué ! Un fanatique de la vérité, mais en même temps conscient de la limite de toute vérité : IL n'y a pas plus de vérité cent pour cent, me disait-il une fois, que d'alcool cent pour cent. Il s’était aliéné l’Université par sa ténacité inébranlable à vouloir s’aventurer dans les zones jusqu’alors inexplorées et craintivement évitées de l’univers des instincts, justement dans ces sphères alors solennellement proclamées « tabou ». inconsciemment, le monde optimiste et libéral devinait que cet esprit ferme, avec sa psychologie abyssale, sapai- sans pitié la thèse de la domination progressive des instincts par la « raison » et le « progrès » ; que sa technique inflexible de tout dire était dangereuse pour la méthode qui consistait à ignorer ce qui était gênant. Ce n’était pas l’Université seule, ce n’était pas seulement le clan des vieux médecins des maladies nerveuses qui se dressait contre cet « en dehors » décaagréable, : c’était le monde entier, le vieux monde, la vieille façon de penser, les conventions morales ; c’était toute l’époque qui craignait celui qui allait dévoiler ce qui devait rester voilé. Doucement, se développa contre lui le boycottage des médecins. Il perdit sa clientèle. F.t comme, scientifiquement, on ne pouvait pas contredire ses thèses, ni réfuter même les plus hardies de ses affirmations, on essaya, à la manière viennoise, de réduire à rien ses théories sur le rêve à l’aide de l’ironie ou en en faisant un jeu de société moqueur. Seul un petit cercle de fidèles se réunissait une fois par semaine, le soir, autour de l’isolé et là se déroulaient des discussions au cours desquelles la science de la psychanalyse prit sa première forme....
Gavroche (1944-1948)

À propos

Gavroche, l’« Organe du Front patriotique de la jeunesse parisienne » est un hebdomadaire apparu clandestinement en 1944. Le journal est fondé et dirigé jusqu’en 1948, date de sa disparition, par Marcel Bidoux, journaliste et militant socialiste.
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