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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 10 octobre 1789

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
10 octobre 1789


Extrait du journal

FRANCE. De Paris. Suite du récit des journées des 5 et 6 octobre. ï~i a garde nationale manquait de munitions ; du moins M. de la Tontiniere , commandant de l’ar tillerie bourgeoise , s'efforçait de le lui persuader. Ce pendant la Fermentation dont chaque instant augmen tait la violence , annonçait des évènemens prochains et inévitables. La nuit arrivait ; chacun interprétait, selon sa passion ou ses préjugés , la conduite des gardes - du - corps. M. le Cointre, qui , par la défection des géné raux , se trouvait le chef des volontaires de Ver sailles, se détache , suivi de son aide-de-camp et d’un aide - major, pour sonder leurs intentions. Arrivé à la tête d’un escadron , il demande aux officiers ce que la garde nationale doit espérer ou craindre de leur part. « Le Peuple se croit en danger , ajoute -1 - il, et l'on désir savoir comment on doit vous regarder. » « Monsieur , lui répondit l’un d’eux, vos doutes sont cruels , cependant nous oublions le traitement fait à l'un des nôtres , et nous ne sommes animés que du désir de vivre en bonne intelligence : nous ne commettrons aucun acte d hostilité. » On donne à cet officier la même assurance au nom de la garde nationale ; on le prie de faire remonter sa troupe plus pies des grilles, afin de dégager l’entrée du corps-degarde , et ce mouvement s’exécute sur-le-champ. M. le Cointre s’empresse de faire part à sa légion de ses dispositions pacifiques, et se porte au régiment de Flandre. Les officiers l’entourent et lui témoignent que jamais ils n’ont eu l’entention de faire du mal aux bourgeois : les soldats le jurent unanimement ; et Îiour gage de leurs sentimens , délivrent à des voor.taires nationaux une assez grande quantité de car touches. Le Peuple circulait librement dans leurs rangs , et recevait de ces guerriers des démonstrations de paix et de fraternité. Après avoir également rendu compte du dévoue ment du régiment de Flandre , M. le Cointre s’avance avec la même escorte jusqu'à une troupe d’hommes armés, postés devant l’Assemblée nationale. 11 se fait annoncer , et demande à être introduit seul au milieu d’eux. Douze hommes armés de fusils se présentent ; il met pied à terre , et commande aux officiers qui l’accompagnent de s’arrêter aux gardes avancées. On le place , pour l’entendre , à la bouche des canons, dont les mêchent éclairaient le cercle qui se forma. « Vos frères de Versailles , dit - il à haute voix , étonnés de vous voir dans cet équipage , m’envoient vous demander quel sujet vous amène, et ce que vous désirez ? — Un cri général répond : Du pain tt la fin des affaires. Nous subviendrons à vos plus pressans besoins ; mais nous ne pouvons vous laisser entrer dans la ville avec vos armes. Un malheur, s’il arrivait, troublerait la tranquillité du roi que nous de vons tous respecter. Jurez - moi donc que vous ne dépasserez pas le poste que vous occupez , et je vais travailler à ce qu’il vous soit délivré du pain suffisam ment. Combien êtes - vous ? six cents. —— Au tant de livres de pain suffiront - elles ? — Oui. » Il partait pour remplir sa promesse : deux hommes de la troupe viennent à lui avec fureur , prétendant que c’est pour les trahir qu’il s’est informé de leur nombre. Ils lui demandent son nom , son état, sa demeure , pour garantie de sa démarche ; un troisième s’approche , le reconnaît et se porte caution de sa franchise et de sa loyauté. On charge ce dernier de l’accompagner avec un de ses camarades, pour veiller au prompt effet de sa promesse. M. le Cointre , après avoir obtenu de nouvelles assurances de tranquillité , remonte à cheval, les deux députés s’emparent de la bride et le conduisent à la municipalité. 11 fait aux officiers municipaux le tableau touchant de la situation des hommes qui l’envoient, demandent pour eux les six cents livres de pain qu’il leur a pro mises , en observant que le serment de ne pas entrer dans la ville n’a été prêté et reçu qu’à cette condition. On objecte que la distribution du pain sera embarras sante , le paiement et le transport difficiles. 11 offre deux chevaux , un domestique , de l’argent pour payer , et se charge de faire exécuter l’ordre de la municipalité , s’il lui plaît de le donner. Les uns pré tendent que cette libéralité engagerait les Parisiens à fondre sur Versailles ; d’autres, qu’on ne peut, sans s’exposer à faire manquer la ville, disposer d’une aussi grande quantité de pain,...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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