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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 16 février 1833

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
16 février 1833


Extrait du journal

Aujourd’hui, i5 février, MM. les membres du conseil d’agriculture , du conseil-général des manufactures et du conseil-général du commerce se sont réunis au Conservatoire royal des arts et métiers. M. le ministre du commerce et des travaux publics est arrivé à midi, accompagné de MM. Vincens et David, maîtres des requête* au conseil-d’état, et des trois secrétaires des trois conseils. MM. Ihirard , doyen d’âge . du conseil d’agriculture; Aubertot, doyen d’âge , du couseil des manufactures ; et Auguste Durand. du Conseil du commerce, ont pris place auprès de ministre , qui a prononcéle discours suivant : '< Messieurs, » Vous êtes réunis par ordre du Roi pour nous donner vos avis sur les intérêts dé l’agriculture , de l’industrie et du commerce. » C’est pour la première fois , vous le savez . que s’opère la réunion simultanée de vos trois conseils ; elle produira , nous en sommes certains , des résultats utiles et féconds. Le Gouvernement trouvera dans vos lumières, dans votre expé rience , dans votre patriotisme , les directions dont il a besoin pour éclairer et afierniir la marche de son administration. n Le système représentatif bien entendu n’est autre chose qu’une consultation perpétuelle de tous les intérêts. Pour les ctudier et les connaître, le moyeu plus sûr est de les ap peler, de leur donner l* parole, le pH» souvent. le plus di versement qu’il est possible. Tous les intérêts nationaux par lent à la fois et officiellement dans les chambres ; mais avant de les écouter dans cette région élevée où leurs vœux sc généralisent et se changent en lois , il faut les chercher ail leurs , il faut s’être rapproché d’eux, les avoir consultés , entendus de prés , et individuellement. C’est pour cela qu’à côté et au-dessous de nos assemblées législatives il y a un conseil et des chambres de commerce, des chambres consul tatives des manufactures , des commissions d’enquête : c’est pour cela enfin qu’ont été donnés à l’agriculture, à l’indus trie , au commerce , les trois conseil» dont vous êtes membres. » Outre le désir de vous entendre , le Gouvernement avait aussi celui de vous entendre simultanément, et sans doute vous en devinez le motif. Mettre les intérêts en présence, et leur donner à tous la parole , e-t non seulement un moyen de les connaître , mais c’est aussi un moyen puis sant de les concilier. Les intérêts , quand ils restent muets , demeurent inconnus au Gouvernement, et inconnus pour eux-mêmes ; alors ils se jalousent, se font une guerre sourde, et demandent les uns contre les autres des tarifs et des pro hibitions. Au contraire, mis en présence, ils apprennent bientôt à se connaître , à se supporter, à se faire des con cessions réciproques ; ils comprennent qu’il v a un riche dé dommagement à leurs concessions ; c’est la prospérité géné rale , qui restitue plus qu’elle n’enlève à tous ceux qui lui font des sacrifices ; ils comprennent surtout que l’égalité de traitement, dans une société qui prospère, vaut mieux qu’un traitement privilégié dans une société pauvre et entravée. » C’est dans cette vue, Messieurs, que le Gouvernement vous a réunis : vous représentez les trois plus grands inté rêts de l’Etat. L’agriculture. qui obtient de la terre les denrées alimentaires et les matières premières; l’industrie , qui les transforme, et leur donne toutes les perfections que peut leur imprimer la main des hommes ; le commerce , qui échange ces produits , et va les distribuer sur tous les points du globe. Ces trois grande* divisions du travail hu main sont toutes trois également nobles, utiles , dignes de sollicitude et de protection. Malheureusement elles sem blent quelquefois opposées d’intérêt; l’industrie , qui a be soin de protection, semble contraire, dans ses • vœux , au commerce , qui a besoin de liberté. C’est à les con cilier que consiste tout l’art d’adminLstrœ. Placé entre l’industrieux ouvrier de Lyon , qui demande un débouché pour ses produits , et l’habile ouvrier de Lille , qui demande une protection pour les siens ; placé entre l’agriculteur do Bordeaux, qui veut qu’on ouvre à scs vins les mers du Nord , cl le propriétaire de bois de la Champagne, qui invoque une protection pour ses fers, le Gouvernement n’a de pré dilection pour aucun, il a une affection égale pour tous ; il cherche comment, du bal incarnent de tous leurs intérêts , pourra naître la prospérité générale, seul objet de ses veil les , seul devoir de son institution. C’est à vous , Messieurs , à l’aider, à l’éclairer dans l’accomplissement de cette tâche , plus difficile peut-être qu’elle ne l’avait jamais été à aucune époque. » Le monde est entré aujourd’hui dans des voies nouvelles. Tous les peuples demandent à se rapprocher, à s’entendre, à échanger leurs richesses. On essaie de convertir peu à peu les prohibitions absolues en tarifs ; les tarifs élevés, en tarifs modérés. La France ne sera pas la dernière à suivre cet...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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