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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 5 juillet 1829

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
5 juillet 1829


Extrait du journal

le ministre des finances et le garde - des - sceaux ont contresigné des ordonnances et des édits relatifs aux colonies. Il est lems de revenir à l’ordre naturel, et, pour tout ce qui 11e touche point à la marine ou à la guerre , de faire rentrer l’administration des colonies dans les attributions des divers ministères. Dira-t on que cette administration demande des connaissances spé ciales ? Ces connaissances 11e sont pas des mystères im pénétrables ; et je 11e croirais point adresser aux ministres du Roi un compliment bien flatteur, en supposant qu’ils les possèdent ou qu’ils les auraient bi* ntot acquises. Je n'en veux pour preuve que le choix qu’on a fait si souvent pour le ministère des colonies de fonctionnaires qui v avaient été jusque-là totalement étrangers. De cette division de l’administration des colonies il s’ensuivrait que 1 arbitraire s’y glisserait moins facile ment; chaque fonctionnaire-, en défendant ses attribu tions contre les usurpations d’une autre autorité , en défend aussi les administrés. La centralisation , au con traire, charge le ministre de la marine d’un fardeau immense, sous le poids duquel, avec les meilleures intentions, il évitera difficilement de succomber. Elle est dès-lors singulièrement propre à assurer la prépon dérance d'une puissance signalée comme supérieure aux ministres même, par M. Hvde de Neuville (séance du ier avril 182a }, la bureaucratie. Cette puissance s’arrange aussi à merveille du régime des réglcmens substitué au régime des l us; ce n’est pas moi qui le dis, Messieurs ; c’est encore M. Hvde de Neuville qui peint la bureaucratie « que protègent les régletm ns , et Cette centralisation qu’elle regarde comme sou chefd’œuvre parce qu’elle absorbe tout à son profit. » En faisant celte citation , je ne cherche point le vain plaisir de relever mie contradiction ; je suis persuadé au con traire que le ministre pense aujourd’hui ce qu’expri mait , il y a six ans, l'honorable député de la Nièvre ; et que si nous sommes en droit dYspérer de la sa gesse royale la régularisation de l’administration colo niale , le ministre actuel de la marine n'y mettra point d’opposition. Jusque lit , nous pouvons signaler les améliorations qu’il lui appartient d’opérer dans les diverses parties de son ministère universel. Le système de la défense des colonies a été changé ; on a renoncé aux bataillons coloniaux, cl l’on a eu raison. Trois véguneiis d'infanterie sont destinés à faire Constamment le service des colonies : ils s'y acclimate ront , et nous verrons diminuer la quotité de la perte annuelle des hommes. Mais bientôt h s soldats, et surtout les officiers, appui tiendront, par affection , par intérêt, par alliance, à une classe unique de lu population, celle des colons proprement dits, et ce sera un mal. Le mi nistre a armé avec succès des troupes noires à Mada gascar, et une partie de la population indigène à U J le— Bout bon. Pourquoi n’étcrnlrait-il passes heureux es ais aux autres colonies ; pourquoi ne lèverait - 1! pas des troupes dans la population libre, sans distinction de couleur, comine les Anglais nous en ont donné l’exemple ? La métropole perdrait moins d’hommes, et les colonies gagneraient beaucoup en force et en sécurité. Dans l'administration financière le ministre examinera sans doute comment des pays ou les particuliers font des fortunes brillantes ne se suffisent point à eux-mêmes, et ont besoin de secours si grands de la métropole : il examinerait si les traiteiueiis alloués aux fonction naires coloniaux ne sont pas susceptibles de fortes di minutions ; et si, en mettant sous les veux de la chambre , d’une manière moins succincte qu’il ne l’a fait jusqu’à présent, lé compte des recettes et des dépenses colo niales-; il n’arriverait pas, avec notre concours, à rem placer l’allocation par des économies. Des notions que le ministre du Roi nous a données sur le commerce , il résulte , suivant lui , que les exportations de la métropole ont dépassé 2 millions les importations coloniales ; c’est une erreur, involontaire sans doute : il fallait dire tout le contraire , puisque ( pages 56 et 60 du rapport au Roi ) les importations se sont élevées à 57.582,806 fr. , et les exportations seulement à 55,555,077 fr. Quoiqu’il en soit, une con sidération plus importante appelle son attention. L’élé ration des tarifs qui détendent les productions coloniales de la concurrence étrangère, a excité de vives plaintes ; elle grève fortement les consommateurs nationaux, for cés d’acheter les denrées à un prix double de celui auquel ils pourraient l'obtenir. Ci lle élévation exces sive n’est-elle pas un encouragement à la contrebande, et à une contrebande si considérable , qu’on évalue à 5o ou q0,000 barriques au-dessus de la production de la Martinique cl de la Guadeloupe , la quantité de sucres anglais qui entrent dans nos colonies , au prix de 18 fr. , P'-ur être achetés par la France au prix de 5q à fr. les 5o kilogrammes ? C’est ce qu’il importe au moins de vérifier. Il importe aussi de s’assurer si l’intérêt de la métropole n’exige point que Ces tarifs soient abaissés. Je sais que les colons en demandent 1, maintien ; ils voudraient mcine qu’ils fûssent augmentés ; ils plaident en faveur de leurs intérêts : mais rien n'oblige la mé tropole à céder à leur exigence ; nous avons la certitude que l’avantage commercial est tout de leur côté; c’est ce qui résulte dus aveux contenus dans les Mémoires qu’eux-mêmes nous ont distribués. Les bénéfices des colonies augmenteraient si la cul ture, qui ne s’étend encore qu’au tiers ou aux trois dixièmes du territoire cultivable , prenait une plus grande étendue. Quels obstacles s’y opposent? C’est ce que les détails de l'administration intérieure devraient apprendre au ministre du Roi. Eu se livrant à cct examen il re connaîtrait peut-être pour le premier des obstacles, le régime de l’esclavage ; il s’assurerait au moins que la culture par des mains libres réussirait dans nos colonies quand les préjugés et l’orgueil ne la repousseront point, comme elle réussit déjà dans une des Antilles anglaises. L’ignorance joue sans doute aussi un rôle daos^ Je re tard des progrès de la culture; l'ignorance s’oppose principalement à l’aflranchissemeut des esclaves ; elle sert d excuse ou de prétexte à l’état de nullité civile et politique cù reste enchaînée une partie de la population, et à l’ajournement indéfini de l’introduction aux colonies de ce que nos institutions ont de plus précieux et de plus moral. Ce que l’on a fait jusqu’à ce jour pour y répandre l’instruction paraît bien peu proportionné à des besoins si pressaus , et nous induit a regretter que le chef de l'instruction publique dans la métropole lie puisse y suppléer par une intervention directe....

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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