Extrait du journal

C est bien la vieille rue moyen âge comme on la voit encore à Tolède "ou à Cor,loue. Devant une porte un âne est arrêté, chargé de jarres d’huile ; il sommeille debout sous son conducteur endormi. Au seuil d’une arcade basse, une femme accroupie éplu che la tête d’un petit garçon qui pourrait servir de modèle au pouilleux de Murillo; plus loin, deux braves, de «eux qui font, avaler des langues de bœuf aux gavcches et leur tracent des croix sur là ligure comme il yen a sur les voiles des chébecs, fièrement campés, le poing à la hanche et la cape au coin de l’épaule, causent entre eux de leurs petites affaires, tandis qu’un galant, le mauteau sous le bras, s’arrête sur un des degrés et lève la tête vers un balcon d’où pend une main de femme qui agile une lettre. « Mon frère, si vous êtes chrétien, je vous supplie de porter cette lettre au pays et à la personne qu’indique cette adresse, » N’est-ce pas là toute l’Es pagne antique ! l'Espagne des comédies, de cape et d’épée, avec son décor tout posé ? La belle Dorothée, travestie en homme, baigne au ruisseau ses pieds qu’on aurait pris pour des morceaux de blanc cristal de roche, dans un frais bocage troué de. soleil et tout parsemé de gouttelettes de lumière. Ses b tends cheveux, que ne re tiennent plus la montera, s’échappent en nappes blondes et trahissent son sexe aux yeux du curé et du barbier. Il faut bien que Dorothée raconte son histoire qui fournit à Gustave Doré une scène d’amour et une scène de meurtre, l’une romanesquement passionnée, fautre...