PRÉCÉDENT

Gazette nationale ou le Moniteur universel, 8 janvier 1820

SUIVANT

URL invalide

Gazette nationale ou le Moniteur universel
8 janvier 1820


Extrait du journal

l’assemblée des états. S. A. R. la duchesse de Cambridge a assisté à la séance. Le prince a quitté la salle après avoir prononce son discours. M. le général comte d’Alton, qui remplace eu qualité de commissaire royal M. le comte de Munster, maréchal héréditaire du royau me , a alors reçu le serment des députés. Francfort, le 3 janvier. La Feuille d’Opnosition publie la lettre que le professeur de Wette a adressée à la mère de Sand, et pour laquelle le gouvernement prussien l’a des titue. Il y a dans celte lettre des maximes fausses qui étonnent de la part d’un professeur de tlicologie , et dont pourraient se prévaloir les Ravaillac et tous les assassins fanatiques ; mais quel droit avait le gouvernement prussien de demander compte à un professeur d’une lettre écrite dans l'intimité de la confiance, et nullement destinée à être pu bliée ) Voici la traduction de cette lettre très-sin gulière : « X pus avez été frappée , comme mère , d’un coup si rude que je me sens obligé , par l’amitié que vous m avez témoignée, de vous écrire un mot de consolation Si vous aviez à pleurer la simple perte de votre excellent fils , je me tairais , et je laisserais à votre coeur pieux et au teins de calmer votre douleur. Mais l’opinion de la multitude flé trira avec une apparence de droit, votre fils comme un criminel ; voilà ce qui m’engage à être son avo cat auprès de vous , et de détendre sa mémoire du deshonneur , au moins dans sa famille. L’action qu il a commise est, à la vérité , non - seulement illégale, et punissable devant la justice temporelle ; mais , considérée d’une manière abstraite , elle est immorale et contraire aux lois sociales. La ruse et la violence ne sauraient fonder un droit, et la bonté du but ne justifie pas l’injustice des moyens. Comme moraliste, je ne saurais approuver de pareilles ac tions ; c’est par le bien , et non par le mal, qu’il faut repondre au mal. Cependant , lorsqu’il s’agit de juger une action déjii commise , il faut prendre pour base du jugement, non pas la loi générale , mais la conviction et les motifs de celui qui a agi ; c’est d’après sa loi que chacun est jugé. Or, je con viens que la résolution de votre fils est venue d’une erreur , et 11’a pus été exempte de passion. Mais quel homme peut sc flatter d'être exempt de pas sion et d’erreur! Il n’y en a qu’un seul. Cependant, l’erreur est excusée , et, en quelque chose , dé truite par la fermeté et la pureté de la conviction, et la passion est sanctifiée par la source d’où cllo découle. Je suis persuadé que votre pieux et ver tueux fils a été dans ce cas; il était sûr de lui, il regardait sa résolution comme juste ; et voilà pour quoi il a bien agi. Que chacun agisse suivant sa conviction , et il agira bien. » Si je 11’absous pas sa résolution de toute pas sion , je n’entends pas par ce mot une sombre ivresse , une agitation bouillante , car Sand était , autant que je sache , un homme d’un caractère calme et réfléchi. C’est le plus pur enthousiasme qui l’a inspiré ; cet enthousiasme venait de la meil leure source ; mais il a reçu de la jeunesse de Sand une violence qui l’a poussé au- ielà des bornes de la vie. Sans cette espèce de passion, il est à peine possible de commettre une grande action ; il faut nécessairement que le feu de l’enthousiasme éclate. Je vous assure que votre fils , au lieu de diminuer l’amour que je lui ai voué depuis le premier moment, n’a fait que l’augmenter. » L’action telle qu’elle a été commise, par un jeune homme pur et pieux , avec la foi et dans une conviction intime , est un beau phénomène de notre siècle. Quel que soit le sort qui attend votre fils , il a assez vécu , puisqu’il a résolu de mourir pour le ni us beau penchant de son cœur. Quiconque peut risquer ainsi sa vie , prouve qu’il en sent toute la valeur, qui ne l’estime pas sur la durée , mais sur la beauté intrinsèque. Malheureusement, on est habitué chez nous à préférer à une belle mort une vie passée dans la mollesse et la lâcheté. Ne dites point qu’il soit fâcheux que tant d’hommes ne re connaissent pas le sublime de cette mort. La con duite de Sand est le signe d’une noble manière de penser, qui pourra réveiller les hommes de leur léthargie. Un jeune homme expose sa vie pour ex terminer un individu que tant d’autres révéraient comme une idole. Cette action n’uurail-elle donc aucun effet ? Mais il n’est pas besoin des suites pour juger une action, comme on ne juge pas la vie d’un homme sur l’éclat qu’elle jette : celle qui est la plus obscure est souvent la plus belle. Amie res pectable , puissiez-vous trouver vraies ces réflexions , et conserver cette manière de voir , contre toutes les objections ! C’est vous qui avez mis au monde et élevé ce fils extraordinaire, vous saurez aussi le comprendre et l’apprécier ; vous saurait supporter avec courage et résignation le sort qu’il a choisi lui-même. Dieu , qui est puissant aussi dans ce qui est faible, vous accordera son appui. » Je suis avec respect, etc. i> Cette lettre a provoqué l’ordre suivant , adressé par le roi de Prusse à son ministre d’instruction pu blique : « Le professeur de Wette a reconnu au thentique la copie , à lui présentée , d’une lettre qu’il a adressée le ai mars de celte année , à M“* Sand , femme du conseiller de justice , et il a cher ché à défendre la justification du meurtre commis par le jeune Sand ; lu charge importante d’un pro-...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

En savoir plus
Données de classification
  • wette
  • amérique
  • sand
  • allemagne
  • magdebourg
  • asie
  • chine
  • alle
  • moldavie
  • francfort
  • cronstadt
  • moniteur universel
  • r. t
  • s. a.
  • mayence
  • s e.