Extrait du journal

On se serait cru parmi les sables en tumulte d'un désert. Des lumières au fond apparaissaient pour s'éclipser aussitôt ; il y- en avait qui se mouvaient sn se balançant. Il savait que c'étaient les gens du village qui tenaient des laniernes. Il hâta le pas, passa sous un vieux chêne tout agité, devant un calvaire un peu .plus loin, traversa un clos, atteignit les premières maisons noires, sinistres, et se trouva, sans avoir rencontré personne, à la porte d'une bâtisse carrée que prolongeait un clochèr qui n'avait qu'une baie sans abat-son. Il entra brusquement, étant en retard. Ça et là,Contre les murs de granit nu, des cierges s'embrasaient dans des chandeliers de fer hauts comme des piliers ; on voyait sur la pierre des traînées fuligineuses : on sût dit des chevelures de mortes. Ces flammes illuminaient des hommes et des femmes, pêle-mêle, accroupis ou agenouillés sous des chales et des manteaux, et nul chuchottement ne montait de cette foule immobile dans un lourd recueillement. Au milieu, se dressait au haut de trois marches, une table de fer couverte de feuillages d'où émergeait un calice en forme de phallus que décorait une hostie pourprè.Quelqu'un, à genoux, étendait ses bras le long du rebord sur lequel il appuyait son front ; il chantait des cantiques ; on entendait sa voix caverneuse entre les murs qui sonnaient sous les déferlements furieux du vent.....