Extrait du journal

Il est un âge dans la vie, — et il faut bien qu'il arrive pour nous, mes amies, comme pour les hommes, — où les plus extraordinaires aventures des romans, les exploits héroïques de d'Artagnan ou ceux de Rocambole, ne disent plus grand'chose à notre imagination. Nous nous apercevons que rien ne ressemble plus à l'invraisemblable que l'invraisemblable, 'que l'incroyable est devenu banal tellement on a abusé de lui, et que ce qu'il y a encore de plus nouveau sous le soleil, de toujours varié, d'infini dans son détail, c'est une simple histoire d'amour, une excursion au pays du cœur toujours exploré et jamais entièrement pénétré. C'est alors que nous aimons à lire les courts romans,dont le résumé tienten dix lignes, de préférence à ces épopées comme les concevait Ponson du Terrail, qui travaillait, dit-on, devant une table chargée de petites poupées, ses personnages, qu'il mettait dans la sépulture d'un tiroir au fur et à mesure de leur mort, depuis qu'il lui était arrivé, dans le désordre de son récit compliqué, cette fâcheuse aventure de faire reparaître au dénouement un héros trépassé au prologue !...