Extrait du journal

I HER Robert, je n’attendrai pat la semaine prochaine pour te dire l’émotion et la fierté que nous avons éprouvées en rece vant la lettre poignante et ferme que les lecteurs de «< Je Suis Partout » peuvent lire en tête de ce numéro. ISous sommes en ce moment réunis m l’imprimerie, comme chaque semai ne avant la guerre nous Pétions autour de toi. La page encore humide d’encre est là, tout à plat, sur le haut pupitre où tu posais tes bras dont la chemise à manches courtes laissait la peau brune en liberté. !\ous évoquons ton souvenir quand, d’un mot, d'un irait de plume rapide comme le feu, tu tran chais la question brusquement soule vée, le problème inattendu, la subtile difficulté de la dernière minute. Je me rappelle aussi tes lettres quotidiennes lorsque, pendant la guerre, de ton blockhaus d'acier, tu suivais pas à pas notre action ou notre résistance, suggérant, conseillant, ne laissant nul sujet dans F ombre, du plus vaste au plus mince. Et voilà qu’aujourd’hui, du camp lointain de prisonniers où Ip sort t’a conduit, ta voix s’élève, te joue de totis les obstacles pour parvenir jus qu’ici, nous montre que la route où nous sommes engagés est la bonne, celle qui conduit au salut de la patrie, la seule ouverte à l’espérance. Merci, Robert. Tu es coutumier des miracles. C’en est un d'avoir aussi allègrement franchi la distance maté...