Extrait du journal

' Patriotisme radical. M. de Bismarck savait à quoi s’en tenir sur la clairvoyance et la fierté du patrio tisme républicain quand il a commandé cet article de la Gazette de l Allemagne du Nord qui fait en ce moment si grand tapagne au-dedans et au-dehors. Pendant que le Temps et la République française sont seuls à protester, toutes les autres feuilles républicaines accueillent avec joie et reconnaissance le secours du chancelier allemand. Le Rappel, notamment, se féli cite du trouble qu’il suppose avoir été ainsi jeté dans les rangs des monarchistes, et il s’écrie : « M. de Bismarck, se mettant au point » de vue de la digestion des deux provinces » qu’il nous a coupées en pleine chair » avec le couteau de Shylock, nous aime t> mieux en république qu’en monarchie. » Voilà, certes, un terrain sur lequel nous nous déclarons vaincu. Du moment où les républicains vantent leur régime comme étant celui où la France est le plus assurée de voir l'Allemagne « digérer » l’Alsace et la Lorraine, nous n’avons plus rien à dire et nous avouons, à ce point de vue, l’in contestable infériorité de la monarchie. Cette façon d’envisager les choses de la patrie fait partie sans doute de la nouvelle instruction civique. Quand ils tiennent ce cynique langage, les écrivains républicains spéculent sur la lâcheté qu’ils supposent au pays, sur sa peur de la guerre. Combien leur bassesse est peu clairvoyante ! M. de Bismark leur dit crûment : « Je désire la France t n ré publique, parce qu’elle est ainsi plus faible, matériellement et moralement, plus sûre ment dépourvue de tout gouvernement capable à l’intérieur et de toute alliance au dehors. » Mais quel est donc, pour la France, le meilleur moyen d’éviter tout péril, dedécouragertoute velléité d’attaque et par suite de mieux assurer la paix? Est-ce d’être isolée et faible, ou d’être forte et entourée d’amis? Trouvons-nous une garantie suffisante de notre sécurité dans le mépris que notre ennemi aurait pour l’infirmité et 1e discrédit auxquels nous condamne la République ? Qui nous dit qu’un jour il ne verrait pas là non plus une raison de nous dédaigner, mais une tentation de nous achever?...