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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 16 mai 1851

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
16 mai 1851


Extrait du journal

ces messieurs vinrent à plonger le corps du maréchal dans le bain mercuriel préparé à cet effet, l’ammoniaque et l’hydrogène sulfuré qui s'exhalèrent du cadavre décomposa entièrement la dissolution formulée , et il leur fallut re commencer toute l’opération. Enfin , après huit jours d'immersion, on mit le corps du maréchal dans une espèce de long tonneau façonné exprès, on l’emplit d’une solution saturée de sublimé corrosif ; puis le corps fut expédié en cet état à 51. Fortin, pharmacien de Paris et chimiste distingué, qui s'était rendu à Strasbourg pour présider à l'opération de l’embaumement dé finitif. 51. Fortin reçut ce singulier colis dans le mois de juillet, et, grâce aux soins que 51M. Cadet-Gassicourt, Larrey et Vareillaud avaient apportés à leurs travaux, le chimiste put, à son tour, parfaire l’embaumeuient. Le corps du maréchal, retiré du tonneau, se trouva dans un état parlait de con servation. M. Fortin avait fait disposer, dans une salle basse de la mairie de Strasbourg, un filet en forme de hamac sur lequel le cadavre put sécher à l'aide d’un poêle dont le degré de chaleur fut réglé; puis , après l’avoir pourvu , à l’intérieur, de tous les ingrédiensaromatiques, et entouré , à l’extérieur, de bandelettes à la manière des anciens égyptiens, en laissant la face décou verte , il le coucha dans un cercueil de bois de chêne non fermé, et le déposa à côté de celui du général SainUlIilaire , tué comme le duc à Esslmg, et dont le corps avait précédé le aiea dans le caveau mortuaire ; une sentinelle veilla en dehors de la porte de celte salle dont 51. Fortin dut garder la clef jusqu’à ce que ces deux héros fussent transportés à Paris. Pendant ce temps, les événemens marchaient. Le divorce de Joséphine s’était accompli, l'empereur d’Autriche avait livré sa tille l’archiduchesse 5Iarie-Louise à Napoléon , pour adoucir les conditions du traité que celui-ci lui avait Imposées. La nouvelle impératrice, accompagnée de tout ce que la cour des Tuileries comptait de plus brillant et de plus illustre, était reçue à Strasbourg comme jadis l’avait été Marie-Antoinette. Le soir même de son arrivée . et tandis que la population strasbourgeoise se livrait à la joie sous les fenêtres du palais où la fiancée de Napoléon répondait par de froi des révérences au chaud enthousiasme des habitans , une scène d un tout autre genre se passait dans la salle basse de la mairie où, depuis plus de neuf mois, id corps du maréchal Lannes était demeuré comme oublié ; nulle sentinelle ne veillait plus à la porte du caveau. Donc le 2i mars 18lO, à huit heures du soir, et pendant que la ville faisait éclater une joie bruyante , M. Guerolseck, maire de Strasbourg , qui avait procuré l’année précédente à 51. Fortin toutes les facilités qu’exigeaient les tristes fonctions qu’il avait remplies, le lit prévenir que la duchesse de Montébelio, dame d’honneur de Marie-Louise, désirait lui parler , et qu'il la trouverait non pas au palais, mais dans la maison d’un de ses cou sins , M. Crétu, où elle attendait sa visite. M. Fortin s’empressa de se rendre aux ordres de la duchesse. Celle-ci , dés que le chimiste lui fut annoncé, le remercia en termes flatteurs de la ma nière dont, eu dire de chacun, il avait rempli le pénible devoir qui lui avait...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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