PRÉCÉDENT

Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 23 mai 1852

SUIVANT

URL invalide

Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
23 mai 1852


Extrait du journal

— La journée des Aigles inspire à M. Léon Vi dal les réflexions suivantes, que nos Abonnés liront avec une attention soutenue : La grande cérémonie nationale de la distribution des Aigles à l’armée s’est accomplie au milieu d’une splendeur dont rien ne pourrait donner une idée , lorsqu’on n’a pas vu cet enthou siasme, celte majesté, cette magnificence de décorations, d’ar mes, de foule, d’acclamations et de senti mens unanimes. La France attendait impatiente, l’armée comptait les minutes qui devaient s’écouler d’ici au moment solennel où le signe de la grandeur et de h gloire allait euûn lui être rendu. N ms n’avions pas perdu nos légions, car nos armes ont toujours été dignes de leurs immortels devanciers, mais l’emblème d’honneur qui brillait à leur tête avait disparu du milieu de nos régimens à travers les fatales vicissitudes de la politique. 11 nous revient aujourd’hui- Son retour est une joie nationale , il réparait au bruit immense des battemens de mains de nos soldats. A Fontainebleau, lorsque l’Empereur vaincu par la coalition de l’Europe embrassa l’Aigle des grenadiers de sa garde pour se séparer de l’armée dont il représentait l’héroïsme , le dévoue ment et les douleurs, cette séparation retentit au cœur de la nation ; nos drapeaux s’abaissaient dans leur gloire pour se re lever plus tard avec l’indépendance. Ce jour de bonheur est ar rivé ! Que la fortune de la France soit bénie, que la Providence qui la protège soit exaltée ! Nous revoyons cet Aigle de Fon tainebleau revenir après un effacement de trente-huit années , pendant lesquelles son souvenir vivait inaltérable au cœur du peuple, au cœur de l’armée , quoique cette image glorieuse de nos triomphes et de l’ordre social en France eût été arrachée de la hampe de nos pavillons. Pour nous , privilégiés du temps, pour nous tous qui avons vu les grandes époques de l’Empire , qui avons vécu jeunes de leurs émotion^, qui avons été élevés à l’ombre des ailes de cet Aigle Impérial, qui avons lu jour par jour les bulletins éternels de la grande armée, qui, en 1814, avons pleuré la chute des hé ros, qui avons caché notre front dans le chagrin en face de l’in vasion étrangère , qui avons salué le retour de l’Aigle en 1815 pour rester frappés ensuite, écrasés dans l’immense douleur de Waterloo et de Sainte-Hélène , qui avons vu et honoré, après ses défaites, la grande famille de Napoléon dans l’exil, qui espé rions en 1830 son rétablissement et pour qui ses souvenirs font une épopée merveilleuse, ce jour du 10 mai est rempli d’une émotion indicible; c’est le spectacle d’une résurrection merveil leuse opérée par la force du droit, du sentiment public, de la volonté nationale. Pour ceux qui connaissent les magnificences de l’Empire et la gloire de l’Aigle impérial, seulement par l’histoire et par les récits de leurs pères, par ces paroles qui oui bercé et charmé l’inauguration de leurs premières années, par cette poésie de la tradition dont se colore et se brillante le passé sans égal, la solennité du retour des Aigles est peut-être quelque chose de plus admirable , de plus merveilleux encore ; car le prisme et le mirage de l’histoire grandissent les actes de ces temps glo rieux. t On peut le dire avec vérité, jamais l’annonce et l’attente d’une cérémonie nationale n’avaient, depuis cinquante ans, au tant ému l’opinion publique , autant attaché les intelligences et et les cœurs, aussi profondément réuni les masses et passionné l’armée. C’est qu’on sentait qu’il y avait là plus qu’une re mise de drapeaux, c’était la résurrection d’une immense in fluence sociale. Cette pensée plane sur cette solennelle journée, elle éclate au milieu des brûlantes aspirations du peuple et des acclamations de l’armée qui saluent, avec le retour de l’Aigle sur nos drapeaux, la restauration tant attendue du pouvoir, de l’ordre et de la force sociale ; l’inauguration définitive d’un pou voir grand et fort dans la paix, parce qu il fut en d’autres jours tout puissant par la guerre. Les lauriers passés suffisent à nos Aigles, ils en sont surchargés. L’Aigle , c’est aujourd’hui la stabilité sociale dans le calme et dans la prospérité , c’est la force qui fait respecter l’indépen dance nationale, sans la compromettre en blessant celle des au tres nations. C’est la paix et la dignité dans la gloire, l. vidal....

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
En savoir plus
Données de classification
  • andré
  • géraut
  • delapalme
  • langiais
  • curnier
  • devinck
  • remacle
  • f. germain
  • napoléon
  • léon vi
  • france
  • paris
  • europe
  • capoue
  • italie
  • andelarre
  • fontainebleau
  • waterloo
  • aisne
  • vincennes
  • autrement dit
  • l'assemblée